dimanche 25 janvier 2009

Foutue mort

Il me semble que je suis là depuis des siècles, à m'ennuyer comme ça ne devrait pas être permis. Moi qui croyais, même espérais la simple non-existence après la mort... Mais de toutes les hypothèses connues sur le sujet, il fallait que ce soit la pire, la plus ennuyante, ridicule, quétaine à vomir. Je m'appelle dès à présent (et si vous riez, vous prenez une claque) Ponpon, 2e du nom de la famille Marsolais. La honte. Rien à voir avec le fier Belzébuth et sa belle Élisabeth. Moi, je suis le félin soumis qui tient mordicus à disparaître. Ça frôle le ruban rose dans le cou.

Et cette connasse rousse qui pense m'amadouer avec sa boîte de conserve dégoûtante qui sent le poisson pourri. Ce que je me taperais un steak et une bière. Rousse, tiens.


Bon. J'avais commencé ça. Jamais été capable de le finir. Libre à tous d'inventer une fin.

Clara, 18 novembre 2008

Avance

J'avance, j'ai peur. J'avance et j'attends que le sol cède sous mon poids, j'attends de ne plus avoir peur. Mes mains tremblent et s'il y avait quelqu'un pour les voir, je ne les cacherais pas. Je ne cacherais rien parce qu'au dernier moment, quand la vérité vaut la peine d'être, quand plus rien n'est important, je me fous des pensées, je me fous des impressions, je me fous des autres. Seul le vrai reste, seuls les derniers mots marquent. Dis-moi que tu surgiras de cet escalier et que tu me mettras en lieu sûr. J'avance. J'ai peur parce que je ne vois rien. J'ai peur parce que le vide est invisible. Parce que le monde est dans mes pas. J'ai peur parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. J'ai peur parce que de toute ma vie, je n'ai jamais avancé.

Clara, L'Aube des Saisons, 22 janvier 2009

samedi 24 janvier 2009

Pas non

Parce que la vie coule sur mon bras, parce que tout tourne sauf ma tête, parce que ta rancune éclabousse mes murs cognitifs, je ne crois plus. Dans les bras d'un grandiose été, j'ai appris ce que je n'étais pas. J'ai appris que j'avais tout à apprendre. À bas les choses que je n'aime pas. J'aime le couteau qui tranche ta langue au paroxysme. J'aime chaque frisson qui court le marathon sur moi. J'aime la chaleur qui coule partout. Perchée sur la pervenche éclose dans ma main qui tue, j'ai tout vu ce qui n'est. Adore les choses que j'aime. Adore-moi. Je suis tout. Je suis celui qui suis. Je suis l'éternel. En vérité, en vérité je vous le dis, je suis Dieu. Qu'on ne vienne pas m'accuser de plagiat ici, j'étais Dieu bien avant Nothomb et sa métaphysique des tubes. Tu sais. À jamais. Jamais. J'ai les sens qui me perdent, un Dieu sensé qui s'inquiète de son temps. Un Dieu à déraison intemporelle qui s'inquiète de sa vie. Cherche. Je ne me mettrai pas à genoux. Continue à chercher. Non pas, répondit-elle. Écoute le silence qui crie dans mes oreilles. Chante sur les jambes qui balancent dans l'infini. D'un regard, chasse l'abstrait. D'un geste, retrouve les questions, les questions qui cognent durement, qui éclatent sur le sol avec fracas. Ta voix coule comme la vie, la chaleur. Écrase ta vie. Écrase l'espoir qui te fait vivre. Écrase ce en quoi tu crois. Écrase chaque chose qui te rattache à quoi que ce soit. Arrête de respirer, seulement le temps de jouir. Arrête d'exister pour une raison qui n'existe pas. Sacrifice. Je hais ce mot. L'ombre d'un visage hypocrite qui me revient alors que je le rejette. L'ombre d'un visage qui domine sur toutes les couleurs. Je suis tout, te dis-je, je suis l'ordre et la réponse. À quoi bon? Non pas, répondit-elle. Cherche, je ne me mettrai pas à genoux. Cherche, cherche encore. Non pas, répondrai-je. Va te faire foutre.

Clara, écriture automatique, décembre 08

jeudi 22 janvier 2009

BONNE FÊTE BOB!

Bon, bien... que t'aimes ou pas, c'est ça qui est ça. Deuxième partie samedi, au centre culturel.

Ce n'est pas une belle histoire. C'est une histoire laide. C'est l'histoire des hommes écrasés par les maux, des hommes écrasés par les mots. L'histoire des hommes sans pouvoir, des hommes cent paroles. Des hommes au destin tragique, au destin sans logique. C'est l'histoire d'un, mais c'est l'histoire de tous. Il n'était pas une fois.

Édouard n'existait pas. Il habitait une ville qu'il ne comprenait pas pour fuir sa ville natale qui le rendait fou. Salvie n'était qu'une hallucination. Elle était sa fiancée par simple révolution contre ses parents qui la voulaient libre comme le crystal. Édouard et Salvie ne se connaissaient pas. Mais quand un événement tragique se produisit dans la famille du jeune homme, il décida qu'ils iraient tous les deux réconforter sa mère dans sa ville natale, quitte à devenir fous ensemble.

Le père d'Édouard, Édouard senior, avait accumulé les dettes envers la planète. Il avait dû rendre tout l'argent qui lui restait, rendre la villa, rendre la piscine, rendre la télévision, rendre une bonne partie des meubles, puis finalement, il avait dû rendre l'âme. Sa femme, madame Édouard, était bien heureuse d'avoir la visite de son fils et de sa fiancée en cette période de deuil. Elle les accueillit à bras ouverts, même si les recevoir pour la semaine lui coûtait la peau des fesses. Ces sacrifices furent l'objet d'une première dispute entre les promis.

-Qu'est-ce qu'on fait ici, Édouard? On n'aide pas ta mère, on lui ajoute encore plus de soucis. L'as-tu bien regardée? Elle s'est ouvert le bras jusqu'à l'os pour nous accueillir et elle a si mal, sans sa peau, qu'elle ne peut même pas s'asseoir. Elle dort debout, Édouard! Ta mère dort debout, rien que pour nous offrir l'hospitalité. Pourquoi la laisses-tu faire?

Édouard ne voulut rien savoir. Il était là par principe et il savait bien que sa mère refuserait toute aide financière. Il ne put qu'attendre que Salvie se calme avant d'aller la rejoindre dans la chambre où elle s'était enfermée. Quand il entra, elle broyait du noir. Elle en avait broyé tant que son petit bol de porcelaine en était plein. Elle continua à broyer rageusement avant de prendre du noir du bout des doigts. Elle l'étendit sur sa peau, en peignit son visage, laissa même des traces sur les mains d'Édouard et sur le pelage du chat. Du chat qu'on appelait Un chat. Ce soir-là, Édouard et Salvie ne firent pas l'amour. Mais ils jouirent ensemble plus fort que jamais et se réveillèrent noirs comme du charbon.

Lors de la cérémonie pour Édouard senior, où seules trois personnes étaient présentes, madame Édouard marcha jusqu'en avant afin de réciter un poème qu'elle avait choisi pour son mari. Elle en fut incapable. La veuve resta muette à l'avant, des mots à la gorge qui l'empêchaient de respirer. Elle se mit à trembler et arriva à hurler qu'elle le savait sur le bout des doigts le matin même et qu'elle n'aurait jamais dû laver ses mains. Elle fondit en larmes et continua à fondre jusqu'à n'être qu'une grande flaque qui inondait le sol. Édouard et Salvie, pendant deux jours, pendant deux nuits, sans arrêter et presque sans penser, la ramassèrent à la petite cuiller. Salvie mêla ses larmes à celles de sa belle-mère en ramassant. Quant à Édouard, il avait pleuré toutes les larmes de son corps étant petit. Il garda donc le silence, les yeux secs et le regard vide. Ils réussirent à refaire madame Édoaurd. Toutefois, elle était incomplète et le serait à jamais. Elle avait perdu la tête.

Édouard et Salvie s'enfuirent de cette ville qui les rendait fous. Ils voyagèrent sans savoir où ils étaient, sans savoir où ils allaient. Quoi qu'ils fassent, ils étaient dans une ville qu'ils ne comprenaient pas. Ils s'enfuirent si loin qu'ils firent le tour de la Terre et retournèrent à leur point de départ.

-Salvie, épouse-moi. Maintenant.

-Je ne t'aime pas, tu sais.

-Je sais.

-Alors je veux bien t'épouser. Maintenant.

Ils se mirent la corde au cou. Et sautèrent.


Clara, 21 janvier 2009.

Ah, et faites-moi plaisir. Ne me dites pas que j'ai fait une faute à crystal.