jeudi 22 janvier 2009

BONNE FÊTE BOB!

Bon, bien... que t'aimes ou pas, c'est ça qui est ça. Deuxième partie samedi, au centre culturel.

Ce n'est pas une belle histoire. C'est une histoire laide. C'est l'histoire des hommes écrasés par les maux, des hommes écrasés par les mots. L'histoire des hommes sans pouvoir, des hommes cent paroles. Des hommes au destin tragique, au destin sans logique. C'est l'histoire d'un, mais c'est l'histoire de tous. Il n'était pas une fois.

Édouard n'existait pas. Il habitait une ville qu'il ne comprenait pas pour fuir sa ville natale qui le rendait fou. Salvie n'était qu'une hallucination. Elle était sa fiancée par simple révolution contre ses parents qui la voulaient libre comme le crystal. Édouard et Salvie ne se connaissaient pas. Mais quand un événement tragique se produisit dans la famille du jeune homme, il décida qu'ils iraient tous les deux réconforter sa mère dans sa ville natale, quitte à devenir fous ensemble.

Le père d'Édouard, Édouard senior, avait accumulé les dettes envers la planète. Il avait dû rendre tout l'argent qui lui restait, rendre la villa, rendre la piscine, rendre la télévision, rendre une bonne partie des meubles, puis finalement, il avait dû rendre l'âme. Sa femme, madame Édouard, était bien heureuse d'avoir la visite de son fils et de sa fiancée en cette période de deuil. Elle les accueillit à bras ouverts, même si les recevoir pour la semaine lui coûtait la peau des fesses. Ces sacrifices furent l'objet d'une première dispute entre les promis.

-Qu'est-ce qu'on fait ici, Édouard? On n'aide pas ta mère, on lui ajoute encore plus de soucis. L'as-tu bien regardée? Elle s'est ouvert le bras jusqu'à l'os pour nous accueillir et elle a si mal, sans sa peau, qu'elle ne peut même pas s'asseoir. Elle dort debout, Édouard! Ta mère dort debout, rien que pour nous offrir l'hospitalité. Pourquoi la laisses-tu faire?

Édouard ne voulut rien savoir. Il était là par principe et il savait bien que sa mère refuserait toute aide financière. Il ne put qu'attendre que Salvie se calme avant d'aller la rejoindre dans la chambre où elle s'était enfermée. Quand il entra, elle broyait du noir. Elle en avait broyé tant que son petit bol de porcelaine en était plein. Elle continua à broyer rageusement avant de prendre du noir du bout des doigts. Elle l'étendit sur sa peau, en peignit son visage, laissa même des traces sur les mains d'Édouard et sur le pelage du chat. Du chat qu'on appelait Un chat. Ce soir-là, Édouard et Salvie ne firent pas l'amour. Mais ils jouirent ensemble plus fort que jamais et se réveillèrent noirs comme du charbon.

Lors de la cérémonie pour Édouard senior, où seules trois personnes étaient présentes, madame Édouard marcha jusqu'en avant afin de réciter un poème qu'elle avait choisi pour son mari. Elle en fut incapable. La veuve resta muette à l'avant, des mots à la gorge qui l'empêchaient de respirer. Elle se mit à trembler et arriva à hurler qu'elle le savait sur le bout des doigts le matin même et qu'elle n'aurait jamais dû laver ses mains. Elle fondit en larmes et continua à fondre jusqu'à n'être qu'une grande flaque qui inondait le sol. Édouard et Salvie, pendant deux jours, pendant deux nuits, sans arrêter et presque sans penser, la ramassèrent à la petite cuiller. Salvie mêla ses larmes à celles de sa belle-mère en ramassant. Quant à Édouard, il avait pleuré toutes les larmes de son corps étant petit. Il garda donc le silence, les yeux secs et le regard vide. Ils réussirent à refaire madame Édoaurd. Toutefois, elle était incomplète et le serait à jamais. Elle avait perdu la tête.

Édouard et Salvie s'enfuirent de cette ville qui les rendait fous. Ils voyagèrent sans savoir où ils étaient, sans savoir où ils allaient. Quoi qu'ils fassent, ils étaient dans une ville qu'ils ne comprenaient pas. Ils s'enfuirent si loin qu'ils firent le tour de la Terre et retournèrent à leur point de départ.

-Salvie, épouse-moi. Maintenant.

-Je ne t'aime pas, tu sais.

-Je sais.

-Alors je veux bien t'épouser. Maintenant.

Ils se mirent la corde au cou. Et sautèrent.


Clara, 21 janvier 2009.

Ah, et faites-moi plaisir. Ne me dites pas que j'ai fait une faute à crystal.

1 commentaire:

Stephy Prud. a dit…

Je l'adore mon amie !
Wouaah, vraiment ! Comme je les aime.
T'as trop de talent chérie, vivement notre projet :)