jeudi 16 octobre 2008

BONNE FÊTE BING!

Pour Bing, avec légèrement un tit peu beaucoup de retard.

J'aimais Alexandra comme je n'avais jamais aimé auparavant. À l'agence de rencontres, j'avais parlé un peu de moi et on m'avait prescrit Alexandra. Je l'avais donc achetée à prix d'or et depuis, nous étions le couple le plus uni du bloc appartement. Il faut dire que nous nous ressemblions beaucoup. D'ailleurs, quand je me rasais le matin, j'avais de la difficulté à savoir si j'étais elle ou moi. Nous avions surtout un point en commun : nous avions gâché nos vies.

Lors de mon enfance, mon frère m'insultait sans cesse. Il s'entraînait pour devenir insulteur. Un jour, je lui dis que s'il connaissait l'impact de ses mots, il ne parlerait plus. Il en fut si peiné qu'il prit rendez-vous pour se faire formater. C'est moi qui dus lui réapprendre à parler pendant 3 ans. À mes 10 ans, ma mère décida d'écrire une chanson qui racontait ma vie. J'étais bien trop poli pour ne pas l'écouter. Je passai donc les 14 années suivantes à l'entendre. 14, parce que ma mère restait fidèle au refrain, en plus de ne pas oublier une seule seconde de mon existence. Je me retrouvai donc à 24 ans, sans plus de bagage qu'un gamin et j'avais déjà passé les plus beaux âges sans même m'en rendre compte. Je retournai à l'école, puis Alexandra entra dans ma vie. C'était tout.

Quant à Alexandra, elle devint adulte à ses 16 ans, le jour de la pièce de théâtre qu'elle pratiquait depuis sa naissance. Ç'en était fait, elle ne pouvait plus entrer dans son costume d'enfant et plus aucun décor n'était à la bonne hauteur. On dut annuler la pièce. Comme il s'agissait de son plus grand rôle à vie, Alexandra n'eut d'autre choix que de remettre en question sa carrière de comédienne. Depuis, chaque jour, elle remettait en question, tentait d'agrandir son costume et lançait au hasard des répliques de théâtre. Pour la nostalgie. C'était tout.

Nous étions donc, disais-je, le couple le plus uni du bloc appartement. Et ce soir-là, nous allâmes manger au Rantodos, le restaurant où tous les amoureux se rendaient s'ils devaient avoir un problème de couple. La plupart du temps, c'était à cause de leurs pains en forme de coeur. Chaque partenaire avait une moitié. Mais lorsque la moitié de son amoureux s'emboîtait plutôt avec celle de la personne assise à la table d'à côté, on comprenait qu'on était cocu et on se tirait de toutes sortes de manières possibles. Alexandra et moi avions décidé d'aller y manger tout de même, croyant que nous serions plus forts. Tout se déroula très bien pendant le repas. Nos moitiés de pain s'emboîtaient parfaitement, nous avions la discussion la plus amoureuse que nous avions jamais eue, aucun signe ne laissait prévoir un problème de couple. Jusqu'au biscuit chinois. Mon message disait ''Alexandra va vous quitter ce soir.'' Je devins pâle et me mis à suer à grosses gouttes. La concernée me demanda ce qui n'allait pas. Je lui montrai le papier.

-Ah merde... je jure que je n'en ai pas plus envie que toi.
-Je sais. Je t'aime, Alexandra.
-Je t'aime aussi. Tu sais... peut-être qu'on pourrait... faire comme si tu ne l'avais jamais lu.
-Je ne comprends pas.
-Être ou ne pas être?
-Ce n'est pas une question.

Alexandra me quitta donc, les larmes aux yeux. Je savais que j'en aurais pour longtemps à m'en remettre. Je sortis de ma poche la liste des choses que j'avais à faire avant de mourir. Le ménage de ma cuisine et sortir les vidanges. Ça pouvait attendre. Je sonnai donc misérablement chez ma mère et elle me chanta pour la deuxième fois la chanson de ma vie.

Clara, 15 octobre 08

C'est un peu plus inspiré de LÉcume des jours que j'aurais voulu. J'assume. Bonne fête Bing!

2 commentaires:

Stephy Prud. a dit…

calise mânne, mets-toi sur un roman opc.
j'ai que trop hâte de le lire. t'as un don, that's fuckin' it.

Clara LL a dit…

Naaaah, incapacité chronique à faire des projets à long terme. Mais merci mânne, c'est fucking gentil. Je t'aime!