samedi 29 novembre 2008

Ses yeux qui me tuent

De ses yeux qui me tuent, une larme s'enfuit
Ne s'immobilisant que couchée à ses pieds
Son corps nu et tremblant reprend vie accablée
Une fois le coeur sec, toute raison enfuie

De ses yeux qui me tuent, une haine jaillit
Grandissant peu à peu dans son éternité
La proie devient chasseur à l'instinct aiguisé
Ma conscience me traque et égorge l'oubli

De ses yeux qui me tuent, elle poursuit les miens
Qui fuient vers le salut, cherchent un lendemain
Sens calmés, repentis, savent leur triste sort

Elle arrive à ses fins de ses yeux qui me tuent
Je n'ai qu'un court instant pour attendre la mort
Mon corps est immobile et justice rendue

Clara, novembre 08

Mais ce que c'est compliqué, d'écrire un sonnet!!! Foutu piétage, foutue hémistiche, foutues rimes ABBA ABBA CCD EDE. Rhalala...

mercredi 26 novembre 2008

C'est la fin de session

C'est pour ça. Un jour, je reviendrai.

mardi 18 novembre 2008

Arlington

Je suis un. Je me fous qu'un tout vaille plus que la somme de ses parties. Je ne suis pas un tout. Je suis un. Autant dire que je n'existe pas. Debout, si je disparais et que la rangée se déforme, on se déplacera d'un pas et on comblera le vide. Allongé, si je disparais et que la rangée se déforme, une place sera libérée pour quelqu'un qui est un. Je traverse une frontière qui chagrine ses ignorants et déçoit ses néophytes. Je renouvelle ma stagnation, je proclame mon anonymat. Nul ne connaît la première personne. C'est une question de tout.

Clara, 18 novembre 08

dimanche 9 novembre 2008

Démasqués

Alors! J'ai décidé de connaître l'identité de mes 2 lecteurs. Que quiconque lit ce post, peu importe quand, commente le mot TOFU!!! Avec 3 points d'exclamation. Obligé.

Ah mais oui mais là c'est pas juste, là! On peut pas faire ça, commenter TOFU!!! sans mentionner clairement qui on est! Ah mais là, non là, mais ça marche pas là!

Paradis

Je ne sais plus si la sueur qui coule sur moi est la mienne ou celle de mes voisins. Chaque partie de mon corps sauf mon cerveau me crie douloureusement de tout arrêter. Je hurle. Je me dépasse. Je suis une championne olympique. Je me propulse tout en sachant que je vais finir par m’écrouler. La sensation de mes tympans qui vont exploser ne me procure que de la joie. Je lève les yeux. La salut est là. Tout se joue. Je ne fais qu’attendre. On m’ouvre les portes du paradis en échange de mon numéro de carte de crédit didididididididi. La vie est belle. Amen.

Clara, show de Gatineau, 9 novembre 08

Carnage

Elle en avait vu d'autres. Des petits, des grands, des laiderons comme des Adonis. Des gens étonnants, d'autres aussi prévisibles qu'une horloge. Elle était belle, du moins selon les critères de l'époque. Son corps inventait le désir, elle avait des formes que tout homme aurait voulu garder à ses côtés pour la vie. Et elle savait se mettre en valeur! C'était même sa plus grande qualité, et Dieu sait qu'elle en avait toute une liste. On lui estimait une trentaine d'années, mais tous s'entendaient pour dire qu'elle avait toujours été là, à sa place, sur son coin de trottoir.

Elle se prostituait depuis l'éternité, au point où elle faisait désormais partie du quotidien des marcheurs. Son métier ne l'empêchait pas de fréquenter des gens, mais seuls les hommes et même les femmes vraiment déterminés à gagner ses faveurs et son estime avaient ce privilège. La jeune femme ne se laissait pas facilement impressionner. Son regard inspirait la peur et rares étaient ceux qui la défiaient en toute connaissance de cause. Nul n'avait réussi à soutirer son nom véritable, mais on la connaissait sous le nom de Carnage. C'était le seul mot qui vous venait à l'esprit en pénétrant dans une pièce où elle venait de recevoir un très bon client.

Carnage était l'amie de la quasi-totalité des criminels de la ville, elle en avait même fait évader plusieurs de prison. Et malgré la panique qu'elle semait parmi les passants qui n'étaient pas encore accoutumés à sa présence dans la rue, la célèbre putain était de nature très sociable et savait se montrer douce, sans discrimination aucune, avec quiconque l'abordait gentiment. Elle était d'ailleurs fatiguée d'être la cible de tous les journalistes, qui ne mentionnaient habituellement que ses bêtises.

Carnage tombait parfois amoureuse. Souvent d'hommes à l'allure respectable et d'air tout à fait normal. C'était ces personnes discrètes qui fréquentaient le plus souvent les femmes comme elle. Le plan de séduction de la prostituée était alors très simple. Elle tentait de croiser l'être aimé le plus souvent qu'elle le pouvait, lui faisait des yeux doux, portait ses plus beaux atours, jouait la femme heureuse. Si l'homme n'était pas intéressé, il était souvent tenace et réussissait à s'échapper discrètement, sans même s'occuper d'elle. Pour arriver à ses fins, Carnage devait le piéger contre un mur ou l'attirer dans une ruelle. Elle réussissait toujours. Tôt ou tard.

Pourtant, un jour, ce fut un jeune homme qui tomba amoureux d'elle. François avait 22 ans et il était orphelin depuis ses 13 ans. La perte de ses parents avait été un énorme choc pour lui. Il avait voyagé d'une famille d'accueil à l'autre, jamais vraiment aimé parce qu'on ne le voyait que comme le délinquant qu'il était devenu. Une seule personne semblait avoir compris son chagrin. Comme tout le monde, François avait toujours su qui était Carnage. Mais à la mort de ses parents, alors que tout le monde lui tournait le dos, elle lui avait souri. Dès lors, l'adolescent avait été amoureux fou de la prostituée. Il la vénérait comme une déesse, passait des heures à la regarder et crevait de jalousie chaque fois qu'un homme l'accompagnait à sa chambre. À ses 15 ans, il avait même tenté d'être son client. Mais Carnage n'avait rien voulu savoir de lui et l'avait repoussé sans s'occuper de ses protestations. Malheureusement pour lui, un de ses rares amis, Tomas, l'avait vu faire ses avances et l'avait ramené de force à sa famille d'accueil à qui il avait tout raconté. C'était compréhensible. Quiconque voyait un proche monter l'escalier de l'hôtel de Carnage ne s'en remettait jamais tout à fait. François s'était fait sermonner. Dans le voisinage, on avait fait grand cas de cette histoire. L'adolescent n'avait eu d'autre choix que de jouer celui qui comprenait son erreur et qui ne recommencerait pas. Mais François passait son temps à essayer de comprendre pourquoi la femme de ses rêves l'avait rejeté et il ne pensait qu'à elle.

Sept années s'étaient écoulées lorsqu'il décida d'essayer à nouveau. Il se prépara pendant des heures, jusqu'à ce qu'il n'ait plus aucun reproche à faire à l'homme qui le saluait dans le miroir. Il ne pouvait s'empêcher de sourire, tout heureux à l'idée de ce qu'il s'apprêtait à faire. Toutefois, il devait en parler à quelqu'un, il fallait que Tomas le sache. Son vieil ami reçut donc un appel en début de soirée.

-Je retourne voir Carnage ce soir.

Tomas eut beau lui crier après, le traiter de tous les noms, tenter de l'en dissuader comme il pouvait, rien n'y fit. François lui raccrocha au nez, plus certain que jamais de sa décision. Lorsqu'il arriva au coin de Carnage, celle-ci l'observa de la tête aux pieds. Il était prêt, cette fois. Elle lui fit signe de la suivre. François monta les marches de l'escalier et regarda avec plaisir la porte se fermer derrière lui. Quelques minutes plus tard, Carnage et lui se faisaient face dans la chambre. Il la regardait plus tendrement que jamais. Il lui parla de toutes sortes de choses. Surtout de ses parents. Il lui demanda pourquoi ils étaient morts. La prostituée ne dit rien, mais se déshabilla, les yeux au sol. François l'imita. Ils firent l'amour toute la nuit.

Deux jours plus tard, on annonça son suicide. Sur son coin de trottoir, la mort pleurait.

Clara, réécriture, 9 novembre 08

Catherine M.

J'ai décidé de suivre les traces de Catherine Millet. J'écris La vie sexuelle de Claire White. Mais moi je ne publierai jamais ça. Haha!

Lui et Il

Il combattait la fatigue à coups de petite cuillère. Lui dévorait des kilos en trop à la seconde. Il n’avait eu d’autre choix que de se retrouver sur le lieu de sa mort de jeunesse. Lui passait par là pour récolter le sang à même son embryon. Lui vit Il et ne put s’empêcher de désirer ardemment accomplir cette transaction. Il tenta de se défendre mais sa faiblesse prenait des forces. Lui eut ce qu’il voulait. Lui était cruel. Il tomba amoureux de son bourreau. Le rouleau de papier à transactions était vide. Tant pis.

Clara, 9 novembre 08

mardi 4 novembre 2008

Petite exception

Je sais, je sais, normalement je poste seulement ce que j'écris. Mais j'ai pas trop le temps ces temps-ci et puis je peux pas m'en empêcher. OBAMA EST ÉLU! HELL YEAH, COW BOY!

samedi 1 novembre 2008

La vie en blues

Je ne sais plus où j'en suis. Des sons assourdissants qui s'enchaînent sans suite logique. Des dizaines de mains qui se promènent sur la peau que je feins de cacher. Selon la loi, je ne devrais pas à cet âge avoir joui plus de 1825 fois. Je me fous de ce qu'on me dit, je me fous de ce que je me dis moi-même. Je me fous de tout, donc de rien. Trop de gens qui traversent quand la lumière est rouge. Trop de temps qui me fait sentir que j'écoute mal la gouverne au goulot de mes amours. Trop d'artifices qui hallucinent la vie. D'autres dizaines de mains me relèvent pour remplacer les précédentes. Le cycle est infini. Tu as manqué ta chance. Attends au tour suivant. Passe GO comme il te plait mais tu ne pourras réclamer que des coups au bonheur.

Fais de ma chair du savon, de mes cheveux du tissu, de ma peau du papier. Recule sur cette ligne sans tituber et retrouve l'objet que j'étais. Fais de moi une parure, rends-moi célèbre pour ce que je ne suis pas. Frappe-moi, fais-moi voir la vie en bleus. Frappe-moi, fais-moi voir la vie en blues. Et adore chaque parcelle de mon être comme s'il ne t'appartenait pas. Je suis athée d'espoir. N'attends pas que je ne réagisse pas. Fais. Sois.

Clara, écriture automatique, 1er novembre 08

vendredi 31 octobre 2008

La rivière

Elle s'était rendue à la rivière de nuit pour éviter la honte. L'air était froid. Malgré toute la chaleur que lui procurait ses vêtements, la buée s'enfuyait de son corps à chaque expiration. Arrivée sur la berge, elle plongea son bras dans la rivière et savoura chaque seconde de cet instant glacial. Le contact de l'eau était irrésistible mais ça, personne ne le savait. Elle ne pouvait se résoudre à abandonner ce plaisir, en dépit de l'humiliation qu'elle subirait si on venait à l'apprendre.

Des bruits de pas s'amplifiaient, quelqu'un approchait. Elle se résigna à retirer son bras et courut se cacher dans les herbages. Elle aperçut un jeune homme du village, qu'elle connaissait vaguement depuis l'enfance. L'homme retira son gant, monta la manche de son épais manteau et entra ses doigts dans l'eau qui clapotait tout son saoul. La rivière ne se transforma pas en glace. Elle continuait à couler, malgré ce contact. Ébahie, l'observatrice sortit de sa cachette, faisant sursauter l'homme qui retira sa main aussitôt. La femme s'assit à côté du nouveau venu et toucha l'eau à son tour. L'homme fut tout aussi surpris de voir que la fluidité de la rivière était intacte.

Les deux jeunes gens n'avaient jamais été si heureux. Pour la première fois, ils ne se sentaient plus seuls au monde. Ils savaient que l'autre serait leur salut. Ils voulurent s'aimer. Ils n'y arrivèrent jamais.

Clara, 31 octobre 08

lundi 27 octobre 2008

Pourquoi tu dois m'acheter des bonbons

Maman! Maman! Il faut AB-SO-LU-MENT que tu m’achètes des bonbons! Tous les autres enfants en ont! Si moi je n’en amène pas à l’école, je vais me sentir différent des autres. Je vais rester dans mon coin. Les autres vont me trouver antisociable. Ils vont croire que je les méprise. Ils vont me crier des noms, m’insulter, me faire des jambettes, me pousser en bas de l’escalier, ils vont me casser la gueule au rack à bicycles. Moi, je vais accumuler la rage intérieure. Je vais devenir horriblement dépressif. Plus tard, je vais revenir à l’école et tirer sur des tas de gens. On me mettra en prison. Je servirai de pute aux plus forts. Je vais tomber dans l’enfer de la drogue. Je vais me faire tirer dans les deux jambes par un gardien pendant une tentative d’évasion. Voyant que je vais devoir me déplacer en chaise roulante toute ma vie, je vais convaincre un autre prisonnier de m’aider à me pendre dans ma cellule. Triste, tu vas écrire un roman de 10 pouces d’épais sur ma vie. Il sera tellement populaire qu’il faudra couper tous les arbres de la planète pour le faire imprimer. L'industrie forestière fera un up and down. Tous les domaines qui ont besoin de bois s'écrouleront peu à peu. Ce sera la plus grande crise économique de tous les temps. Les compagnies pétrolières réussiront à créer un produit de remplacement du bois. Elles feront consommer 2 fois plus de pétrole et deviendront 10 fois plus riches. Les pauvres deviendront donc plus pauvres, les inégalités sociales vont se creuser davantage. Les pauvres et les riches entreront en guerre mondiale. Les riches continueront de développer l'énergie nucléaire. La planète explosera, mais de toute façon tous les êtres vivants seront déjà morts asphyxiés parce qu'il n'y aura plus d'oxygène. L'explosion perturbera tout le système solaire qui va disparaître dans un trou noir, emportant avec lui le reste de la galaxie!
Tu ne voudrais quand même pas être responsable de la fin du monde, maman! Alors achète-moi des bonbons.

Clara, 27 octobre 08

jeudi 23 octobre 2008

Expérience

Ne respire surtout pas! Non! Remets cet air à sa place, immédiatement! Tu utilises mon oxygène Il m’est nécessaire, tu comprends? J’en ai besoin, pour vivre et faire de grandes choses. Tu vois, si ce n’était pas le cas, je te laisserais bien en prendre un peu. Mais c’est le cas, alors je ne peux pas te le permettre. Allons, ne pleure pas, je ne voulais pas parler fort comme ça. J’ai réagi exagérément, je sais. Pardonne-moi. Allez, viens là. Tout est oublié. Maintenant, ne fais pas ton égoïste, d’accord? Ne respire plus, s’il te plaît, tu me faciliterais les choses. Tu vas voir, l’engourdissement viendra assez vite, tu ne sentiras presque rien. Laisse-le venir… doucement…là…c’est bon. Continue, tu y es presque. Tu fais ça très bien. Voilà. Et n’arrête surtout pas, sinon je cracherai sur ton cadavre en souriant.

Clara, dans un bogue cognitif bizarre, 22 aaaaah non, 23 octobre 08

mercredi 22 octobre 2008

Dis-moi que tu m'aimes.

-Dis-moi que tu m’aimes.
-Je t’aime.
-Sois sincère.
-Je t’aime.
-Non, sincère!
-C’est tout ce que je peux faire.
-Ah…ah bon. Je t’aime.
-Ce n’est pas sincère.
-Mais si!
-Mais non.
-Bon, je te déteste.
-Moi aussi.
-Tu vois? Tu es capable d’être sincère!
-Mais alors pourquoi on est ensemble?
-Ben… euh… parce que.
-Trouve une vraie réponse.
-Ben c’est la vie.
-Non, une vraie réponse.
-Mais il n’y en a pas.
-Ah…ah bon. Dis-moi que tu m’aimes.

Clara, 22 octobre 08

mardi 21 octobre 2008

Bienvenue chez nous

Mise en contexte : En secondaire 3 ou 4, je ne sais plus, on nous a demandé en théâtre d'interpréter un poème. J'ai décidé d'écrire le mien. Je l'ai donc joué, en personnage de bonne en manque de sexe, avec le costume et tout. D'ailleurs, j'étais la seule qui avais un costume. C'était assez gênant. MAIS! Ce texte-là ne fonctionne en poème que s'il est joué. Écrit ou juste récité, ça fait bizarre. Parce qu'il peut avoir des vers de 6 ou 20 syllabes, les vers peuvent finir au beau milieu d'une phrase, bref, c'est pas beau. C'est pour ça que je l'écris comme un texte normal. Mais bon, ça rime un peu. Voilà!

Entrez, mon cher, entrez. Ne restez pas dans ce froid glacial. Venez plutôt me…vous réchauffer. Monsieur est bien matinal!

Madame est à l’étage, fort occupée à tromper son mari. Elle pratique ses charmes pour en faire l’étalage. Ce n’est qu’une putain, la ville l’aura compris. Il est un point que je puis lui accorder : l’adultère est un jeu si excitant! Et elle semble en être la reine acclamée. Celle qui adore offrir son corps passionnément à un homme qu’elle aura rencontré hier soir. D’ailleurs, du crépuscule à l’aube, personne ne les a arrêtés. Si vous le voulez, allez jeter un regard. Mais vous n’êtes pas venu pour voir madame? Je l’aurai deviné.

Quant à monsieur, il est au salon, sans doute à imaginer un plan. Voyez-vous, il n’a toute sa raison qu’en faisant tuer des gens importants. Il est peut-être aussi en train de flageller quelque invité dont il n’aura pas souhaité la présence. Oh, je suis certaine qu’il vous laissera l’aider à torturer ce pauvre homme qui n’est qu’innocence. Monsieur s’occupe d’abord de son propre plaisir, sans jamais songer à son entourage. Il en est mon idole…et mon amant, il faut le dire. Je me dois bien de l’aider à soulager ses crises de rage!

Aussi, si vous le voulez, mademoiselle sa fille est présente à cette heure. Enfin…présente est un trop grand mot pour l’utiliser. Disons ‘‘partie’’ dans un placard de la demeure. Mademoiselle est à 12 ans ce qu’on appelle une droguée. Droguée, mais alcoolique aussi. Oh, n’ayez crainte, c’est elle qui doit tout payer. Pour y parvenir, elle danse sous le nom de Kitty. Son spectacle sera d’ailleurs ce soir à onze heures. Vous pourriez aller l’y applaudir! Même si elle n’a pas le talent de sa sœur, son costume lui va à ravir.

Mais si ni madame, monsieur ou mademoiselle n’arrive à vous intéresser, les choix deviennent moindres. Je sais que le chien a déjà attiré un invité, mais depuis, le chien ne cesse de se plaindre. Et si ni même les animaux ne vous amusent, il ne vous reste plus que moi. Pardon, je rêve en couleurs, je suis confuse. Allons, monsieur. Faites votre choix.

Clara, 05 ou 06

Les dernières volontés

Je vous remercie tous d’être venus. Ceux qui connaissaient bien le défunt savent qu’il n’aurait pas pu s’empêcher d’attirer l’attention pour une dernière fois avant de partir. Je sais bien que ses exigences ne feront pas l’unanimité, mais soyez conscients qu’il s’agit de ses dernières volontés. Vous êtes donc tous tenus d’assister à une soirée Tupperware en son honneur vendredi prochain. Vous devez absolument être nus et porter une fausse moustache. Ceux qui ont déjà une moustache devront la raser. Don’t worry, be happy, la chanson-thème de Caillou ainsi que le Best of des Beach Boys joueront en boucle. Vous pouvez ajouter une chanson, mais elle doit respecter toute une liste de critères que j’ai en ma possession. Notamment, elle doit contenir au moins deux gros mots ou le nom d’un organe génital. À l’exposition du corps, vous pourrez constater qu’il a aussi exigé d’être enterré face contre terre, dans un suit de ski mauve et jaune fluo avec une tuque de Père Noël. Rien ne vous oblige à le faire, mais il a précisé qu’il aimerait beaucoup que chacun prenne une photo de lui dans son cercueil et l’accroche sur sa cheminée ou sur un mur visible de sa table à manger. Les seuls discours acceptés lors de la cérémonie devront être lus par des enfants de moins de 8 ans, des dyslexiques, des analphabètes ou des bégayeurs. L’église sera décorée en rose et des ballons gonflés à l’hélium seront remis à l’entrée. Voilà. Je crois que c’est tout ce qu’il a laissé comme consignes. Des questions?

Clara, 21 octobre 08

Écriture automatique

On me torture. Une pièce à rendre fou. Deux miroirs, face à face, inventent l'infini. J'ai les idées foncées. Une envie de mâcher mes doigts, ou des doigts en général. D'un côté, dans leurs cabanes en bois rond. De l'autre, à grimper aux arbres. Il n'y a que moi qui bûche. Je suis une espionne. Je suis entre-deux. Je bûche. Je bûche toujours. Je mérite de bûcher, je mérite le bûcher. Excessif. Besoin d'amour. Besoin de cul. Besoin d'aide. Besoin d'aider. Besoin de se ranger. Besoin de déranger. Tout est relatif. Une unité de temps à face à claques. Hurler juste par bonheur. Pleurer juste par principe. Je me perds dans l'infini, il y a trop de moi. Excessif. C'est relatif.

Clara, écriture automatique, 21 octobre 08

J'écris, j'écris.

J'ai retrouvé ça dans un petit calepin que je traînais toujours sur moi, avant.

J’ai déchiré une page dans la vie d’un inconnu. Tous les sens à la fois et j’écris, j’écris. J’ai déchiré une page dans la vie d’un homme. La vie coule sur mon bras et j’écris, j’écris. J’ai déchiré une page dans la vie d’une femme. Des secrets dans les draps et j’écris, j’écris. J’ai déchiré une page dans la vie de plusieurs à la fois. L’eau brûlante pleut sur moi et j’écris, j’écris. J’ai déchiré toutes les pages de ma vie. Je suis une histoire sans fin et il vaudrait mieux que je n’écrive pas.

Clara, 07-08

jeudi 16 octobre 2008

BONNE FÊTE BING!

Pour Bing, avec légèrement un tit peu beaucoup de retard.

J'aimais Alexandra comme je n'avais jamais aimé auparavant. À l'agence de rencontres, j'avais parlé un peu de moi et on m'avait prescrit Alexandra. Je l'avais donc achetée à prix d'or et depuis, nous étions le couple le plus uni du bloc appartement. Il faut dire que nous nous ressemblions beaucoup. D'ailleurs, quand je me rasais le matin, j'avais de la difficulté à savoir si j'étais elle ou moi. Nous avions surtout un point en commun : nous avions gâché nos vies.

Lors de mon enfance, mon frère m'insultait sans cesse. Il s'entraînait pour devenir insulteur. Un jour, je lui dis que s'il connaissait l'impact de ses mots, il ne parlerait plus. Il en fut si peiné qu'il prit rendez-vous pour se faire formater. C'est moi qui dus lui réapprendre à parler pendant 3 ans. À mes 10 ans, ma mère décida d'écrire une chanson qui racontait ma vie. J'étais bien trop poli pour ne pas l'écouter. Je passai donc les 14 années suivantes à l'entendre. 14, parce que ma mère restait fidèle au refrain, en plus de ne pas oublier une seule seconde de mon existence. Je me retrouvai donc à 24 ans, sans plus de bagage qu'un gamin et j'avais déjà passé les plus beaux âges sans même m'en rendre compte. Je retournai à l'école, puis Alexandra entra dans ma vie. C'était tout.

Quant à Alexandra, elle devint adulte à ses 16 ans, le jour de la pièce de théâtre qu'elle pratiquait depuis sa naissance. Ç'en était fait, elle ne pouvait plus entrer dans son costume d'enfant et plus aucun décor n'était à la bonne hauteur. On dut annuler la pièce. Comme il s'agissait de son plus grand rôle à vie, Alexandra n'eut d'autre choix que de remettre en question sa carrière de comédienne. Depuis, chaque jour, elle remettait en question, tentait d'agrandir son costume et lançait au hasard des répliques de théâtre. Pour la nostalgie. C'était tout.

Nous étions donc, disais-je, le couple le plus uni du bloc appartement. Et ce soir-là, nous allâmes manger au Rantodos, le restaurant où tous les amoureux se rendaient s'ils devaient avoir un problème de couple. La plupart du temps, c'était à cause de leurs pains en forme de coeur. Chaque partenaire avait une moitié. Mais lorsque la moitié de son amoureux s'emboîtait plutôt avec celle de la personne assise à la table d'à côté, on comprenait qu'on était cocu et on se tirait de toutes sortes de manières possibles. Alexandra et moi avions décidé d'aller y manger tout de même, croyant que nous serions plus forts. Tout se déroula très bien pendant le repas. Nos moitiés de pain s'emboîtaient parfaitement, nous avions la discussion la plus amoureuse que nous avions jamais eue, aucun signe ne laissait prévoir un problème de couple. Jusqu'au biscuit chinois. Mon message disait ''Alexandra va vous quitter ce soir.'' Je devins pâle et me mis à suer à grosses gouttes. La concernée me demanda ce qui n'allait pas. Je lui montrai le papier.

-Ah merde... je jure que je n'en ai pas plus envie que toi.
-Je sais. Je t'aime, Alexandra.
-Je t'aime aussi. Tu sais... peut-être qu'on pourrait... faire comme si tu ne l'avais jamais lu.
-Je ne comprends pas.
-Être ou ne pas être?
-Ce n'est pas une question.

Alexandra me quitta donc, les larmes aux yeux. Je savais que j'en aurais pour longtemps à m'en remettre. Je sortis de ma poche la liste des choses que j'avais à faire avant de mourir. Le ménage de ma cuisine et sortir les vidanges. Ça pouvait attendre. Je sonnai donc misérablement chez ma mère et elle me chanta pour la deuxième fois la chanson de ma vie.

Clara, 15 octobre 08

C'est un peu plus inspiré de LÉcume des jours que j'aurais voulu. J'assume. Bonne fête Bing!

Mon chat

Je me suis donné comme défi d'écrire un poème en moins de 30 secondes sur un sujet aussi peu inspirant que l'opération de mon chat... Ça a donné ça.

Mon chaton a du fil de pêche sur le bedon
On l'a ouvert et refermé avec un zipper
Mon chaton n'aura jamais de chaton
Et son nom restera applicable, j'en ai peur
On a dénaturé Pucelle pour surpopulation
Mon chaton a du fil de pêche sur le bedon
Clara, 15 octobre 2008

Laurent Magritte

Douleur. Son dos n'était que douleur. C'est fini, lui avait dit le médecin. Plus rien, croyait-on, ne pourrait soulager le vieil homme. Le sexagénaire était tout disposé à le croire, mais il eût préféré disposer autrement. Un paysage immense au relief inconnu lui était affiché entre les rebords de la radiographie. L'homme en blanc, suffisant, se complaisant à l'évidence dans sa bourgeoisie méprisante, le lui avait détaillé avec maints commentaires ponctués de mots trop grands pour qu'on les retienne. Le vieil homme, perplexe, était sorti de la clinique avec beaucoup plus d'informations sur la guerre du Vietnam, dont lui avait passionnément parlé la sympathique mais courte secrétaire, que sur l'état de son dos. Tout ce qu'il savait avec certitude, c'est qu'il devait ménager les efforts et que son dos n'était que douleur.
Seulement, les efforts, il ne les ménageait pas sinon la nuit. Malgré ou parce que tout le monde répétait le même discours, les même phrases, les même mots, toujours pour son bien. Laurent Magritte ressentait alors la liberté enfantine qui l'habitait toujours lorsqu'il défiait un interdit, 60 ans auparavant.
C'est pourquoi il avait vu, en premier lieu, un prétexte en la fleur qui vivait parmi les pieds des passants. Une excuse pour se pencher pour un rien. C'était une rose. Un hasard, peut-être. Quelque marcheur, un bouquet à la main, qui se souciait bien peu d'une fleur délaissée sur le pavé, trop troublé qu'il était par le visage de la destinataire des végétaux.
Or, pendant ce qui lui sembla des heures de pas pour atteindre le plus rouge et le plus délicat des prétextes qu'il lui eût été donné de voir, Laurent Magritte s'aperçut qu'il y avait en la rose bien plus qu'une excuse. Il y avait la preuve, le défi ultime qui démontrerait la capacité du vieillard à vivre comme il l'entendait malgré tous les reliefs et tous les hommes en blanc de ce monde. Cette fleur désirait ardemment être témoin de la volonté de Magritte de rester maître de sa propre destinée.

Clara, club littéraire 07-08

Texte incomplet. Je n'écris pas la fin, car je ne l'aime pas et je ne peux absolument pas la changer. Aussi, à la base, c'était René Magritte. Mais bon... René, Laurent, ça sonne pareil!

L'oeuvre d'art

Le sol de l'immense clairière était recouvert de papier. Du papier d'une blancheur irréprochable, sans la moindre tache. Le papier s'étendait à perte de vue, jusque sous l'arbre généalogique. L'esthétique et la logique eurent préféré un saule, voire un chêne, mais l'histoire se déroulait malgré tout sous un arbre généalogique qui se dressait depuis des années en maître dans la clairière.
Louisianne se tenait debout, son corps nu embrassé par un vent timide. Louisianne ressemblait à un songe. Ses orteils effleuraient le papier, indécis, tandis que ses talons reposaient fermement sur l'herbe en lieu sûr. Après quelques instants d'hésitation, Louisianne versa le contenu d'une bouteille sur sa tête. Sa nudité fut lentement couverte d'un bleu ruisselant. Alors que son corps s'enduisait de peinture, la jeune femme avança résolument jusqu'au centre de l'espace tapissé de papier. L'y attendait déjà avec patience Victor, recouvert d'un rouge qui tombait en gouttelettes sur le blanc immaculé. Victor avait l'apparence déchirée. Oubliant tout ce qui existait à l'extérieur de ce monde de papier, ils firent l'amour en naufragés, s'accrochant désespérément l'un à l'autre comme on s'accroche à la vie.
La lune se levait avec le sourire, complice. Lorsque le soleil, rouge de gêne, se réveilla pour prendre la place de son antagoniste, il fut témoin d'un tout autre spectacle à couper le souffle. Alors que Victor et Louisianne sommeillaient dans les bras l'un de l'autre sous l'arbre généalogique, la peinture séchait tranquillement sur son papier. Le bleu et le rouge dansaient la farandole, virevoltant et s'unissant parfois pour former des volutes d'un violet magnifique. Du violet de toutes sortes de tons, qui dessinait la beauté à notre place.
Plus tard, bien plus tard, la pluie tomberait. Le vent se déchaînerait. Les orages gronderaient. Le papier serait détruit en lambaux. Le violet se diluerait en gouttes qui disparaîtraient dans la terre. Mais là, à cet instant précis, quiconque entrait dans la clairière pouvait admirer la plus émouvante et la plus magnifique des oeuvres d'art.

Clara, club littéraire 08

Je t'en prie

Parle-moi. Ne dis jamais ce que tu penses, ne prononce pas ce qui tente de s'enfuir de tes lèvres. Tout le monde s'en fout. Je t'en prie, laisse-toi écraser. Je t'en prie, laisse les autres hurler qu'ils t'aiment, hurler leur rage, hurler ce qu'on chuchote et qu'on cache. On ne le dira jamais assez, ils le diront toujours trop. Aime tes bourreaux comme tu détestes ta vie. L'équilibre, la perfection. Perfection. Haine parfaitement sphérique. Je t'en prie, laisse-toi écraser. Je t'en prie, souffre jusqu'à ce que tout désir humain soit assouvi. Ne deviens rien, ne deviens pas ce que tu as toujours voulu être, ni ce qu'on attendait de toi. Ne deviens rien, reste. Reste. Reste comme un animal auquel on a appris à renier sa nature. Tu es cet animal. Pourquoi te débattre? Pourquoi nous en vouloir? Au fond, tu ne sais plus pourquoi tu ne renonces pas, pourquoi tu te bats. La liberté a honte de ce que tu fais pour elle. La vie est complexée et a un sérieux manque d'estime d'elle-même. L'amour t'a toujours trouvé insipide. Laisse-toi écraser. Il ne vaut plus d'être libre. Il ne vaut plus de vivre. Il ne vaut plus d'aimer. Laisse-toi écraser. C'est tout ce qui vaut.

Clara, écriture automatique, juin 08

Jaune

Le jeune gendarme, à la grange, gémit sa jouissance dans les jupes de sa Juliette. À l'aube flottera sur l'eau son corps qui aura eu le cadeau du repos absolu. Qu'il est niais, ce jeune noyé qui n'aura pas nagé ou nié sa nuit.

Clara, club littéraire, 08

On devait écrire quelques mots d'où ressortait une couleur. Personne n'a trouvé la mienne. J'étais fâchée.

mercredi 15 octobre 2008

À quoi riment les émotions?

Toute excitée, descend l’escalier et ouvre la télé. Un peu surprise, s’assoit en se disant que ce n’est que partie remise. Laisse passer le temps, tout en gardant l’esprit confiant. S’impatiente un peu, rien n’avance comme elle le veut. Accumule tranquillement le stress, perd l’espoir et le confesse. Déteste de plus en plus son écran, zappe pour passer sa rage de temps en temps. Veut hurler, mais ç’en est trop, elle est tannée. Révoltée, dégoûtée, écoeurée, ferme la télé et va se coucher.

Clara, résultats des élections, 14 octobre 08

Du bourgeon à la pomme

Aujourd’hui, on est allés cueillir des pommes avec papa et maman. C’était la première fois que je cueillais des pommes. Maman dit qu’avant que j’arrive, elle et papa cueillaient plein de pommes. Mais c’est même pas vrai, parce qu’on est arrivés en même temps. Je m’en rappelle parce que les deux aiguilles étaient sur le 2. Je suis montée dans une grande grande échelle d’au moins un kilomètre et c’est moi qui a cueilli la plusse grosse pomme. Toute seule! Après j’ai rempli un panier complet avec seulement 3 pommiers. J’avais le goût de toutes les manger, mais je me suis retenue pour pas avoir mal au ventre. J’ai aussi appris à mon petit frère comment grimper dans l’échelle, c’était la première fois qu’il venait. Il était tout cute. Et surtout tout collant de jus de pomme. Ça m’a un peu énervée, je sais pas pourquoi. Alors je suis partie de mon côté, comme toujours. J’en ai ramassé quelques une, mais pas plus que ça. Il faut dire qu’aller aux pommes, c’est pas la chose la plus extraordinaire au monde. Et puis il me semble que j’aurais pu faire tellement d’autres choses au lieu de venir à leur maudite sortie familiale. Je comprends pas leur besoin de se ‘‘retrouver’’ ensemble. C’est que allô! On habite dans la même maison. Au moins, ça rend maman heureuse. Papa aussi, il avait l’air aussi joyeux que Mathieu. Je suis contente que ma famille l’aime bien, Mathieu. Et puis il a l’air de bien s’entendre avec mes parents, lui aussi. Et il a été un parfait gentleman! Il aidait ma mère à transporter ses paniers. Après le dîner, on a marché ensemble dans le verger et c’était magnifique. J’espère vraiment qu’on aura l’occasion de revenir. Je sais bien que c’est de plus en plus difficile de me trouver un trou pour les voir, mais c’est tellement agréable! Je crois que je vais faire des tartes avec ces pommes-là et leur en envoyer une. Ça va rappeler des bons souvenirs du temps que je faisais toujours du dessert à la maison. Et puis ça m’occupera! Confinée à la maison, avec cette bedaine de baleine, je n’aurai pas grand chose d’autre à faire. Je me suis donc promenée lentement, handicapée par ma grosseur. J’ai été assez vite proclamée la plus inutile des cueilleuses. Suivie de près par ma puce. Qu’elle grandit vite, celle-là c’est incroyable! Trop, même. On la voit de moins en moins. Pat et moi, on a donc profité au maximum de tout ce temps avec elle. Les pommes, c’est toujours l’endroit par excellence! La famille avait faim, il était temps de partir. J’ai regardé en riant tout ce beau monde crouler sous mes paniers pour me laisser souffler. Je sais que c’était probablement la dernière fois que je venais cueillir des pommes. Mais j’ai passé une merveilleuse journée.


Clara, 15 octobre 08

Oui, c'est voulu que je passe de moins en moins de temps aux périodes.

mardi 14 octobre 2008

S'il y avait un titre, je crois que je l'écrirais ici

Et puis, il comprit qu'il allait mourir. Réflexion ma foi surprenante, puisqu'il venait de naître. Or, cette étape si cruciale de la vie qu'elle en marque le commencement ne l'avait pas affecté outre mesure. Il était né, voilà tout. Quelle importance?

Poussant quelques cris pour la forme, il était arrivé dans ce monde normal à l'intérieur d'un hôpital normal, d'une mère normale accouchée d'un médecin dit normal. Toute cette normalité le plongeait dans la plus complète indifférence, car dans les bras de sa mère normale qui pleurait de joie, la seule chose qui arrivait à troubler son esprit était la certitude qu'il allait mourir.

Clara, club littéraire, 07

La première phrase est en fait l'incipit de Don Quichotte de la Démanche de Victor-Lévy Beaulieu.

Mon dentier hypocrite

On me dit des choses. Jamais les bonnes. On me dit ce que je veux entendre. On parle dans mes oreilles, je voudrais qu'on chante sur mon pied. L'homme a cette manie de calomnier haut et fort ce qui hante ses séances masturbatoires. Cette manie d'écraser du pied ses propres différences. L'hypocrisie n'est pas mon être humain préféré. Je me dis que mon dentier a besoin de changement. Est-ce qu'un jour on pourra goûter l'odeur de la vie de ses propres yeux?

Clara, écriture automatique, 10 octobre 08

Je ne gagne pas ma vie

Je ne gagne pas ma vie, je la mérite. Ce sont là les seuls mots positifs que mon lot de pensées quotidiennes me donne. Toute autre chose qui en sort n'est que rumination. Je rumine tout : mes sombres pensées, mes espoirs égarés, mes délires d'antan. Je rumine tant que je me vois devenir un peu plus chaque jour un boviné.

À l'image des autres représentants d'une majorité invisible, je me laisse mollement emporter par d'innombrables vagues éphémères que me lance à la figure la société comme on lancerait une pierre à un malfrat. Et alors que cette même société me chuchote sadiquement que je n'éprouve rien et que je suis un lâche, je m'accroche misérablement à l'idée que c'est la vie qui m'éprouve pour un rien et qui m'a lâché depuis longtemps.

Rien ne semble suffisant pour espérer une quelconque réaction de ma part. Je ne suis pas grand parleur, mais tout de même petit faiseur. Mes mots ne sont ni hauts ni forts, et ma passivité est telle que le précédent rapprochement entre ma personne et un ruminant n'est pas sans fondement.

Je ne me connais guère. Le monde d'aujourd'hui me demande sans cesse qui je suis sans attendre ma réponse. Par conséquent, je ne me suis jamais attardé à la question qui m'apparaît futile et qui ne m'intéresse d'ailleurs pas.

La seule chose dont j'ai la certitude, c'est que je ne vaux ni plus ni moins que rien. Je ne vaux pas ma voiture ni ma maison, car elles sont la possession d'une institution financière qui me vole d'une main et serre la mienne de l'autre. Je ne vaux pas une idée, un principe ou un idéal, car on me fait taire chaque fois que je tente de proclamer quelque opinion. Je ne vaux pas une vie car tout le monde, moi en tête, affirme que je n'en ai pas. Je ne vaux pas l'amour d'une femme, car un tel amour m'ayant été destiné a toujours été feint ou fugace. Je ne vaux pas même mon chat, car l'animal fugue à la minute où il n'est pas nourri. Voilà tout ce que le monde moderne me dit clairement : je ne vaux rien, et n'ai aucune attente à avoir quant à la valeur potentielle que je pourrais posséder.

Partout autour de moi, des gens se débarrassent de leur vie vide de sens. Ce ne sera jamais mon cas. Mon quotidien est suffisamment insignifiant, là n'est pas la question. Je n'ai rien d'un suicidaire, voilà tout. Je n'ai ni le courage, ni la détermination, ni l'intensité ou la profondeur des suicidaires. Ces gens m'impressionnent. Le désespoir fait parfois des choses admirables. Mon coeur continue donc de battre, puisque je ne vaux pas non plus ma mort. Et comme je n'ai ni loisir ni vie sociale, je passe mon temps à travailler. Voilà pourquoi je mérite le pain que je mange sans contentement, les biens matériels qui ne m'apportent aucun bonheur, la vie que je n'ai pas. Je ne gagne pas ma vie, je la mérite. Ce sont là les seuls mots positifs que mon lot de pensées quotidiennes me donne. Toute autre chose qui en sort n'est que rumination.

Clara, club littéraire 07-08

Toute bonne chose a un commencement.

Toutes mes félicitations, vous êtes présentement en train de lire, blanc sur mauve, le premier post de Clara Dotte. Comment êtes-vous arrivés là? Eh bien probablement que je vous ai parlé de mon blog ou que vous l'avez vu sur Facebook. Donc, on se connaît déjà. Pas grave! Une présentation est de mise. Alors...

Pourquoi un blog? Eh bien tout d'abord parce que je suis une copieuse, alors je copie mon amie Bob et ses Points d'récupération. Aussi pour faire avancer ma désintox de Facebook en me rendant addict à autre chose! Surtout parce que je me noie dans les feuilles de cartable illisibles que je remplis pendant mes cours et quand l'inspiration me vient.

C'est quoi mon blog? Ce ne sera pas moi, ce ne sera pas ma vie, ce ne sera même pas ce que je crois. Ce sera ce que mon crayon pense. Vous ne connaîtrez pas mes amours, ni mes malheurs et mes joies. Vous connaîtrez seulement une partie de mon vocabulaire. La folie est de mode, paraît-il. Je vous dirais bien que vous allez vous perdre dans les abysses de mon esprit dérangé, mais ce serait vous mentir. Je crois bien que je suis un être humain normal, et j'écris, comme beacoup d'êtres humains normaux.

Je ne posterai pas tout ce que j'écris, et je n'écrirai pas tout ce que je poste. Il n'y a pas toujours de suite logique dans ma plume, et je vous avertis du fait que je suis adepte d'écriture automatique. Alors si ça vous chante, revenez donc me rendre visite!