vendredi 31 juillet 2009

Le temps d'un bonheur

Ses yeux qui parlent des millénaires, la douceur mêlée à la passion, la vie qui coule en moi, la fumée qui m'ennivre l'esprit, l'état le plus extatique qui soit. Aucun obstacle, le bonheur qui se saoûle à perte de vue. Les pensées ne se bousculent pas, laissent une allée libre, le passage est aisé et l'amour marcheur. Une paresse qui se déguste à plein temps. Mon homme serein, mon homme bien, mon homme joie. Le mystère du moment présent est résolu et je fais couler des mots inutiles, un flot d'inutilités pour une caresse qui en vaut mille.

Clara, 24 juin 09

jeudi 28 mai 2009

Écritures automatiques en rafales

Lassée d'entendre ce que mes sens ne conçoivent qu'à tribord. Écorchée de la joie déceptive, quadrupède inconcevable inconsolable. Triangle haineux, perceptions rancunières m'accablant d'ennui. Les attaques sont au feu rouge, on agite ses organes aux plus hauts sommets de l'hypocrisie. Il n'était pas une fois, il en était mille. Il en était tant, il en était trop. Je ne veux rien entendre qui soit dit, je ne veux rien dire qui soit entendu. Solitude raciale touchée par chaque sortie de secours. Je m'époumonne à chuchoter les discours qui hantent mes souvenirs, vulgarité infantile. Il n'est pas de loi que je ne connaisse, il n'est pas de connaissance que je respecte. Motivation partie à la fête forraine, narcissime au comble du suicide. Fin.

***

Je me grandis à l'infini, et je suis seule au monde. Je me grandis à l'infini, et je suis si seule au monde que je suis le monde. Je me grandis à l'infini, mais comme je suis le monde, je ne suis jamais plus grande. Je me grandis à l'infini, mais comme je ne suis jamais plus grande, l'infini n'existe pas. Je me grandis à l'infini, et n'existe que mon esprit qui grandit.

***

Premier mot choisi par Cindy

Bière me plongeant dans la perversion éthylique qui caractérise ma non-existence. Mort subite, remplaçable. Sentiments artificiels de mauvaise qualité, satisfaction garantie ou argent remis. Remis des passions, remis des désirs, remis de la magie. Un esprit formaté qui attend son baptême. Je gruge les cordes de mes liens invisibles, j'attends le passé avec impatience. Refoulée, la misère explose au moment le plus festif. Ennivrement estival, sérénade de ma logique. L'éternité est à sens unique, les nuages assombrissent mon vertige. Il n'est rien, il est tout. Accent de la sirène hurlant mon tombeau. Croiser la réalité dans la rue, se cacher dans une ruelle, poursuivi. Enfin, y faire face.

***

Délabrée par les obstacles à reculons, j'observe avec rigueur la liste des choses en lesquelles il faut croire. Chaque inconvénient est imprimé recto-verso, et je nage dans une mer de soupçons. À la une de mon quotidien, mes manchettes ont fugué avec leurs boutons. Exécrabilité d'une lueur, un faux-jour qui éclaire mes mensonges. Donnant les doigts à la vie, les orteils au bonheur. Je m'étire sur des kilomètres cube, en regard des proportions cognitives. Jamais sans deux, deux existera-t-il toujours dans trois? Le un est seul, perdu dans ses pensées, rêvant à sa une. Une peur verte, vermicelle dévorant ma jambe à quatre pattes. Les nombres m'envahissent, c'est la révolution mathématique, 13 n'a pas eu de chance. Et je pleure, et je ris, et je crois, et je doute, et je suis, et je.

***

Il ne faut pas nier le déni, le serpent avale sa queue. Il est dans les jambes de la foi, la fois, le foie, fois toi. Si censure s'en suit, satiété. Il est de ces jours où la prétention déborde, où la pluie érode ma conscience. Phénomène naturel, nature artificielle. Gens du pays, c'est votre tour de ramasser les éclats de ma rage. Hématomes translucides sur mon esprit lucide. Carambole démunie, munitions, ondine, dîner de cons, concentration, trois petits chats abattus. L'oubli m'inonde et éclabousse, son odeur tue les âmes sensibles. Je ne suis que ce que je souhaite, je souhaite un joyeux Noël, impasse facile. Solidifie mon système vital, bricole une extension, mets du ruban adhésif. L'effort que peut se permettre le néant n'existe pas, suivant l'éthique d'une génération. Gens du pays, ce ne sera jamais votre tour.

Clara, écriture automatique, 23 mai 09

Écritures automatiques en rafales, vers 6h du matin après un feu de joie. Quand tout le monde s'écroule et qu'on a pas sommeil...

dimanche 24 mai 2009

...

...EUH!!! J'ai une idée vraiment géniale pour un texte, mais qui me dit de quoi. Alors je me dis : ''Peut-être que je l'ai déjà écrit, tiens!'' Je fais donc un survol rapide de mon blog : déprime totale!!!

Il faut croire que ça ne m'a pas accroché, le principe du happy ending. Merde! TOUS MES TEXTES FINISSENT MAL!!! À quelques exceptions près, et encore. Hummm... il faudrait psychanalyser tout ça.

samedi 25 avril 2009

Je voudrais

Je voudrais que le temps n'efface rien de ce qu'il y a en moi.

Je voudrais que les souvenirs qui me volent un sourire ne se fanent jamais.

Je voudrais que chaque frisson garde son intensité jusqu'à la fin.

Je voudrais que son image soit toujours aussi nette.

Je voudrais que ce qui est important aujourd'hui ne soit jamais du passé.

Je voudrais que chaque empreinte qu'il laisse sur ma peau reste intacte.

Je voudrais que mes joues rougissent toujours autant.

Je voudrais que le temps n'efface rien de ce qu'il y a en moi.

Clara, 25 avril 09

Bon, j'imagine qu'il fallait bien que j'écrive un petit texte quétaine et prévisible un jour.

mardi 14 avril 2009

Ma maison de riches

Je suis dans ma maison de riches. Seule, bien. Sans les riches de ma maison de riches. Autour de moi, aucune limite. L'argent semble être une ressource naturelle renouvelable. La pièce est si grande que les murs n'existent plus. Des miroirs, face à face, inventent l'infini. Mon corps s'étire sur le plancher chauffant. J'ouvre mes bras à l'abondance. On sonne à la porte de ma maison de riches. Un sourire naît sur mes lèvres. J'adore la surprise d'ouvrir une porte sur l'inconnu. Je dois courir des kilomètres pour atteindre l'entrée. J'ouvre, je ris pour rien.

FLASH.

Je hais cet instant après un choc où l'on ne comprend rien de ce qui se produit. Mes yeux se ferment, éblouis, et je m'écroule malgré moi. L'homme et son air rigide entrent d'un pas rapide sans même m'accorder un regard. L'impuissance m'enrage encore plus que le feu qui brûle mes yeux. Mes paupières sont fermées mais voudraient l'être encore plus. J'entends l'homme marcher dans ma maison de riches. Il marche trop fort et partout, se promène de pièce en pièce, traîne son arme avec lui. Chaque flash de son appareil photo me donne un coup dans le ventre. Encore éblouis, mes yeux s'ouvrent et suivent l'homme. Je suis toujours un débris dans l'entrée de ma maison de riches, on me croirait sans vie. Je veux hurler. FLASH. L'homme pointe son appareil photo sur chaque objet. FLASH. Il profane tout ce qu'il trouve. FLASH. Chaque parcelle de ma maison de riches est prise en photo. FLASH. Il ne reste plus rien, plus rien que l'image sur la pellicule. L'homme prend une ultime photo. FLASH. Et sort en m'accrochant au passage, du même pas rapide, du même air rigide, toujours sans regard pour moi.

Étendue sur le plancher froid d'une maison vide et en ruines, je pleure tout ce que j'ai à pleurer.

Clara, 13 avril 09

Bon. Probablement. Probablement que ce n'est pas mon meilleur pour vous. Tant pis. Inspiration involontaire de môsieur Buteau, et d'un autre quelqu'un que je ne nommerai pas parce qu'il n'a pas le beau rôle dans l'histoire. Point.

L'autobus 34 vers la liberté

Ç'en était trop. Il l'avait encore battue parce que le repas n'était pas prêt. Le matin, elle avait encore dû mentir aux voisines qui la questionnaient de plus en plus sur ses ecchymoses. Elle avait encore perdu un enfant qui était sa sortie de secours. Il y avait des encore qu'elle ne supporterait plus. Ce salaud se ferait à manger tout seul, car à 18h30, elle serait dans l'autobus 34 vers la liberté. Elle quitterait la ville pour ne plus jamais y revenir. Elle changerait de nom, referait sa vie, et aurait un enfant avec un homme doux et gentil qui prendrait soin d'elle. Elle vida les quelques tiroirs qui lui appartenaient et en mit le contenu dans un sac de sport. C'était celui du salaud. Elle partait avec son sac de sport et il serait furieux. Rien qu'à l'idée, un sourire sadique apparut sur ses lèvres. Elle continua à faire son bagage, la joie dans le coeur. Comme la vie serait bonne à partir de ce soir. Elle mit même quelques livres dans le sac, parce qu'elle aurait le temps de lire. Elle aurait le temps d'apprendre à jardiner, elle aurait le temps de se faire des amis et de sortir, elle aurait du temps pour elle. Elle prit tout plein de choses qui étaient à lui, et elle en était plus excitée à chaque fois. Le sac avait peine à fermer lorsqu'elle termina son bagage. Avant de partir, elle laissa une note sur la table. Une note sur laquelle elle avait fantasmé des années durant. ''Je te quitte''. Si simple, si bon. Elle sortit de l'appartement sans même verrouiller la porte, et marcha jusqu'au terminus en chantant. Elle vit l'autobus 34 démarrer et partir vers la liberté, quelques secondes à peine avant qu'elle ne l'atteigne. Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle fit demi-tour. Son mari arriverait bientôt et le repas n'était pas encore prêt.

De la fenêtre du terminus, Étienne regarda la femme de 18h30 partir, son mystérieux sac de sport sous le bras. Il se dit que cette fois, elle avait bien failli arriver à temps.

Clara, 13 avril 09

L'innocence

L'innocence est le mot qui résonne, le mot à trous, le mot universel. Et quand il pleut, le chat lèche la fenêtre. Et le chat n'a plus soif. L'innocence est le mot qui cogne, le mot à deux visages, le mot parfait. Et quand il dit ''Je t'aime'', la fille ouvre les jambes. Et la fille n'est plus triste.

Clara, 13 avril 09

lundi 13 avril 2009

Éternité

-C'est Baie. Je sais que tu m'en veux. Ce n'est pas quelque chose que j'ai vraiment voulu. Il faut que tu comprennes. Tu devais passer à travers ça, tu devais tenir bon malgré l'épreuve, que ce soit infligé par moi ou par quelqu'un d'autre. Je sais que tu as envie de me tuer, pour le moment, mais écoute-moi. Si, un seul moment dans ta vie, tu dois écouter quelqu'un sans rien écouter d'autre, si une seule fois tu dois me faire confiance malgré tes instincts les plus forts, c'est maintenant...

Elle avait été tant de femmes à tant d'époques. Elle avait tant souffert. Toujours à la fin. Toujours lorsqu'elle était sur le point de s'en sortir, sur le point de vivre jusqu'au bout. Une épreuve de trop, et elle se plantait un couteau dans le coeur, elle se jetait à la mer avec un rocher aux pieds, elle avalait le poison que l'apothicaire s'était résigné à lui vendre, elle pointait le revolver de son mari sur sa tempe, ou elle se pendait. Pourtant, il y avait toujours eu quelqu'un pour l'avertir.

-Je me suis tuée tant de fois, mon Père, que c'est la seule solution que je connaisse. J'ai tant envie de vous croire, seulement je ne comprends pas.

-C'est pourtant fort simple, mon enfant. Vous savez bien ce qui arrive à ceux qui mettent fin à leurs jours.

-Tout cela est faux, mon Père, et je suis en mesure de le savoir. Pas de diable cornu, pas de flammes, pas de corps qui se consument pour l'éternité.

-C'est vrai, vous êtes là, devant moi. Pourtant, l'enfer existe et c'est directement là que vous irez. Parce que vous n'avez rien compris.

Une fois, elle avait trouvé l'amour. Il embrassait sa nuque et lui donnait des frissons, il lui disait ''Tu crois?'' avec des yeux rieurs, il faisait semblant de croire à ses histoires de vies antérieures, il lui faisait l'amour au ralenti. Un jour, elle le vit faire l'amour au ralenti à Baie, puis elle partit en courant jusque chez elle, verrouilla la porte et sortit le couteau de cuisine. Elle laissa sonner le téléphone et découpa tranquillement chaque veine de son poignet susceptible d'être la bonne.

La voix de Baie retentit à travers son répondeur. ''C'est Baie. Je sais que tu m'en veux.'' Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas entendu. Son sang qui se vidait était la sensation la plus horrible au monde. Celle de n'avoir plus de circulation dans les jambes, mais au centuple. Et partout. À côté de ce qu'elle ressentait, même se faire trahir par l'amour ne lui semblait plus si douloureux.

-... Ne fais pas ça, Lucie. Je t'en supplie, quoi qu'il arrive, ne fais pas ça. Tu ne t'aides en rien. Tout va recommencer, tout va être à refaire. Tu dois briser le cercle maintenant. J'ai si souvent cru que tu avais compris. Tu te souviens? Une fois, tu avais parlé avec le curé et tu semblais si sereine. Cette fois-là, il m'a fallu du temps pour me tuer à mon tour. Je n'arrivais pas à croire que tu n'aies pas compris. Puis une fois, tu l'as dit toi-même. Tu m'as regardée de tes yeux polaires et tu m'as dit : ''Tu sais quoi, Baie? Je vis un enfer.'' C'est là que je t'ai dit que je t'aimais pour l'éternité, et que je t'ai promis que je te suivrais en enfer, s'il le fallait. Je tiens toujours mes promesses, Lucie. Mais j'en ai assez. Alors ne fais pas ça.

On trouva son corps le lendemain matin, alors que naissait dans le pays voisin une petite fille aux yeux polaires. Elle avait une si longue vie à souffrir. Et si peu de temps pour comprendre.

Clara, 13 avril 09

Tes yeux

On a coupé tout autour. Il ne reste qu'eux. Seulement qu'eux. Seulement ces arbres qui semblent vouloir courir pour rejoindre leur forêt natale. Ils sont ensemble, mais ils sont seuls. Seulement seuls. Aussi seuls que bavards. Comment ne pas s'ennuyer si loin de chez soi? Comment ne pas s'ennuyer sinon tant dire, ou tant le vouloir? Qu'on recouvre les oreilles fatiguées ou chastes, il y a tout près des arbres qu'on a abandonnés à leur triste sort et qu'on se doit d'écouter. Seulement écouter. Dans le silence pur des bois, les conifères se meurent. Craignez Noël et parlez, vous qui avez tant à dire, parlez à ce monde qui a tant à entendre.

Clara, inspiré par les yeux de Marc-Olivier Beausoleil, 08

Regarde-moi

Je me réveille et il est là. Je fais semblant de dormir, mais je sais qu'il me regarde. Il me regarde toujours. Je mange, il mange à côté de moi et il me regarde manger. On va au cinéma et je sais qu'il ne regarde pas l'écran. Il ne regarde que moi. Quand on fait l'amour, peu importe la position, peu importe la luminosité, il ne ferme jamais les yeux. Il me regarde. Il y a bientôt 14 ans que nous sommes mariés et il me regarde toujours. Il n'y a que le jour, quand je pars travailler et qu'il fait je ne sais quoi, que je ne me sens plus regardée. Que je me sens libre. Que je suis assez à l'aise pour être moi-même. Moi, je ne le regarde jamais. Ses yeux noirs me font peur.

Elle est belle à mourir et je ne peux pas m'empêcher de la regarder en me disant que je suis le plus chanceux des hommes. Chaque seconde de sa présence, chaque seconde où elle est près de moi, rien ne me rend plus heureux que la regarder. Bientôt, elle aura un nouveau bureau au rez-de-chaussée et je pourrai la regarder par la fenêtre au travail. Il y a bientôt 10 ans qu'elle reste avec moi pour que je puisse la regarder. Jamais je ne remercierai assez Dieu de me permettre de la regarder. Jamais je ne remercierai assez Dieu de m'avoir donné des yeux noirs qui font peur. Jamais je ne remercierai assez Dieu que personne n'ait trouvé le cadavre de son mari au fond de la rivière noire qui fait peur.

Clara, 13 avril 09

Bwarf

Aujourd'hui, toutes mes écritures automatiques se ressemblent. VDM
www.viedemerde.fr

Boussole

Malheur intérieur à ce que mes joues mentent à pleines bouches. Lovée contre un infini qui tente de se grandir, je hurle la noyade qui brime mes poumons et assomme mon identité. Les années en file indienne me bousculent au passage, et je rage. Des pupilles trop grandes traquent mes envies, et je crie. Un nuage de quiétude sombre envahit les trous de mon crâne fracassé contre la rationalité. Le verglas est réciproque, quoi que je fuis. Arrête toutes les dentelles d'une vie à cent fins, mutile les regards que tu ne peux contrôler. Le nord est partout, la flèche de ma boussole va en tous sens. J'agis en vertu. Sur la machine polyvalente canonisée, j'attends un signal qui viendra de ma tête. J'attends la fin d'un état intemporel. L'art de se tuer parce qu'on aime contrôler la mort. Un interrupteur qui bouge seul, personne pour le voir, le vide. Subir la raison si je veux donner tout ce que j'ai à gagner. Le vide.

Clara, écriture automatique, Joliette-Montréal, 28 mars 09

dimanche 25 janvier 2009

Foutue mort

Il me semble que je suis là depuis des siècles, à m'ennuyer comme ça ne devrait pas être permis. Moi qui croyais, même espérais la simple non-existence après la mort... Mais de toutes les hypothèses connues sur le sujet, il fallait que ce soit la pire, la plus ennuyante, ridicule, quétaine à vomir. Je m'appelle dès à présent (et si vous riez, vous prenez une claque) Ponpon, 2e du nom de la famille Marsolais. La honte. Rien à voir avec le fier Belzébuth et sa belle Élisabeth. Moi, je suis le félin soumis qui tient mordicus à disparaître. Ça frôle le ruban rose dans le cou.

Et cette connasse rousse qui pense m'amadouer avec sa boîte de conserve dégoûtante qui sent le poisson pourri. Ce que je me taperais un steak et une bière. Rousse, tiens.


Bon. J'avais commencé ça. Jamais été capable de le finir. Libre à tous d'inventer une fin.

Clara, 18 novembre 2008

Avance

J'avance, j'ai peur. J'avance et j'attends que le sol cède sous mon poids, j'attends de ne plus avoir peur. Mes mains tremblent et s'il y avait quelqu'un pour les voir, je ne les cacherais pas. Je ne cacherais rien parce qu'au dernier moment, quand la vérité vaut la peine d'être, quand plus rien n'est important, je me fous des pensées, je me fous des impressions, je me fous des autres. Seul le vrai reste, seuls les derniers mots marquent. Dis-moi que tu surgiras de cet escalier et que tu me mettras en lieu sûr. J'avance. J'ai peur parce que je ne vois rien. J'ai peur parce que le vide est invisible. Parce que le monde est dans mes pas. J'ai peur parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. J'ai peur parce que de toute ma vie, je n'ai jamais avancé.

Clara, L'Aube des Saisons, 22 janvier 2009

samedi 24 janvier 2009

Pas non

Parce que la vie coule sur mon bras, parce que tout tourne sauf ma tête, parce que ta rancune éclabousse mes murs cognitifs, je ne crois plus. Dans les bras d'un grandiose été, j'ai appris ce que je n'étais pas. J'ai appris que j'avais tout à apprendre. À bas les choses que je n'aime pas. J'aime le couteau qui tranche ta langue au paroxysme. J'aime chaque frisson qui court le marathon sur moi. J'aime la chaleur qui coule partout. Perchée sur la pervenche éclose dans ma main qui tue, j'ai tout vu ce qui n'est. Adore les choses que j'aime. Adore-moi. Je suis tout. Je suis celui qui suis. Je suis l'éternel. En vérité, en vérité je vous le dis, je suis Dieu. Qu'on ne vienne pas m'accuser de plagiat ici, j'étais Dieu bien avant Nothomb et sa métaphysique des tubes. Tu sais. À jamais. Jamais. J'ai les sens qui me perdent, un Dieu sensé qui s'inquiète de son temps. Un Dieu à déraison intemporelle qui s'inquiète de sa vie. Cherche. Je ne me mettrai pas à genoux. Continue à chercher. Non pas, répondit-elle. Écoute le silence qui crie dans mes oreilles. Chante sur les jambes qui balancent dans l'infini. D'un regard, chasse l'abstrait. D'un geste, retrouve les questions, les questions qui cognent durement, qui éclatent sur le sol avec fracas. Ta voix coule comme la vie, la chaleur. Écrase ta vie. Écrase l'espoir qui te fait vivre. Écrase ce en quoi tu crois. Écrase chaque chose qui te rattache à quoi que ce soit. Arrête de respirer, seulement le temps de jouir. Arrête d'exister pour une raison qui n'existe pas. Sacrifice. Je hais ce mot. L'ombre d'un visage hypocrite qui me revient alors que je le rejette. L'ombre d'un visage qui domine sur toutes les couleurs. Je suis tout, te dis-je, je suis l'ordre et la réponse. À quoi bon? Non pas, répondit-elle. Cherche, je ne me mettrai pas à genoux. Cherche, cherche encore. Non pas, répondrai-je. Va te faire foutre.

Clara, écriture automatique, décembre 08

jeudi 22 janvier 2009

BONNE FÊTE BOB!

Bon, bien... que t'aimes ou pas, c'est ça qui est ça. Deuxième partie samedi, au centre culturel.

Ce n'est pas une belle histoire. C'est une histoire laide. C'est l'histoire des hommes écrasés par les maux, des hommes écrasés par les mots. L'histoire des hommes sans pouvoir, des hommes cent paroles. Des hommes au destin tragique, au destin sans logique. C'est l'histoire d'un, mais c'est l'histoire de tous. Il n'était pas une fois.

Édouard n'existait pas. Il habitait une ville qu'il ne comprenait pas pour fuir sa ville natale qui le rendait fou. Salvie n'était qu'une hallucination. Elle était sa fiancée par simple révolution contre ses parents qui la voulaient libre comme le crystal. Édouard et Salvie ne se connaissaient pas. Mais quand un événement tragique se produisit dans la famille du jeune homme, il décida qu'ils iraient tous les deux réconforter sa mère dans sa ville natale, quitte à devenir fous ensemble.

Le père d'Édouard, Édouard senior, avait accumulé les dettes envers la planète. Il avait dû rendre tout l'argent qui lui restait, rendre la villa, rendre la piscine, rendre la télévision, rendre une bonne partie des meubles, puis finalement, il avait dû rendre l'âme. Sa femme, madame Édouard, était bien heureuse d'avoir la visite de son fils et de sa fiancée en cette période de deuil. Elle les accueillit à bras ouverts, même si les recevoir pour la semaine lui coûtait la peau des fesses. Ces sacrifices furent l'objet d'une première dispute entre les promis.

-Qu'est-ce qu'on fait ici, Édouard? On n'aide pas ta mère, on lui ajoute encore plus de soucis. L'as-tu bien regardée? Elle s'est ouvert le bras jusqu'à l'os pour nous accueillir et elle a si mal, sans sa peau, qu'elle ne peut même pas s'asseoir. Elle dort debout, Édouard! Ta mère dort debout, rien que pour nous offrir l'hospitalité. Pourquoi la laisses-tu faire?

Édouard ne voulut rien savoir. Il était là par principe et il savait bien que sa mère refuserait toute aide financière. Il ne put qu'attendre que Salvie se calme avant d'aller la rejoindre dans la chambre où elle s'était enfermée. Quand il entra, elle broyait du noir. Elle en avait broyé tant que son petit bol de porcelaine en était plein. Elle continua à broyer rageusement avant de prendre du noir du bout des doigts. Elle l'étendit sur sa peau, en peignit son visage, laissa même des traces sur les mains d'Édouard et sur le pelage du chat. Du chat qu'on appelait Un chat. Ce soir-là, Édouard et Salvie ne firent pas l'amour. Mais ils jouirent ensemble plus fort que jamais et se réveillèrent noirs comme du charbon.

Lors de la cérémonie pour Édouard senior, où seules trois personnes étaient présentes, madame Édouard marcha jusqu'en avant afin de réciter un poème qu'elle avait choisi pour son mari. Elle en fut incapable. La veuve resta muette à l'avant, des mots à la gorge qui l'empêchaient de respirer. Elle se mit à trembler et arriva à hurler qu'elle le savait sur le bout des doigts le matin même et qu'elle n'aurait jamais dû laver ses mains. Elle fondit en larmes et continua à fondre jusqu'à n'être qu'une grande flaque qui inondait le sol. Édouard et Salvie, pendant deux jours, pendant deux nuits, sans arrêter et presque sans penser, la ramassèrent à la petite cuiller. Salvie mêla ses larmes à celles de sa belle-mère en ramassant. Quant à Édouard, il avait pleuré toutes les larmes de son corps étant petit. Il garda donc le silence, les yeux secs et le regard vide. Ils réussirent à refaire madame Édoaurd. Toutefois, elle était incomplète et le serait à jamais. Elle avait perdu la tête.

Édouard et Salvie s'enfuirent de cette ville qui les rendait fous. Ils voyagèrent sans savoir où ils étaient, sans savoir où ils allaient. Quoi qu'ils fassent, ils étaient dans une ville qu'ils ne comprenaient pas. Ils s'enfuirent si loin qu'ils firent le tour de la Terre et retournèrent à leur point de départ.

-Salvie, épouse-moi. Maintenant.

-Je ne t'aime pas, tu sais.

-Je sais.

-Alors je veux bien t'épouser. Maintenant.

Ils se mirent la corde au cou. Et sautèrent.


Clara, 21 janvier 2009.

Ah, et faites-moi plaisir. Ne me dites pas que j'ai fait une faute à crystal.