vendredi 31 juillet 2009
Le temps d'un bonheur
Clara, 24 juin 09
jeudi 28 mai 2009
Écritures automatiques en rafales
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Je me grandis à l'infini, et je suis seule au monde. Je me grandis à l'infini, et je suis si seule au monde que je suis le monde. Je me grandis à l'infini, mais comme je suis le monde, je ne suis jamais plus grande. Je me grandis à l'infini, mais comme je ne suis jamais plus grande, l'infini n'existe pas. Je me grandis à l'infini, et n'existe que mon esprit qui grandit.
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Premier mot choisi par Cindy
Bière me plongeant dans la perversion éthylique qui caractérise ma non-existence. Mort subite, remplaçable. Sentiments artificiels de mauvaise qualité, satisfaction garantie ou argent remis. Remis des passions, remis des désirs, remis de la magie. Un esprit formaté qui attend son baptême. Je gruge les cordes de mes liens invisibles, j'attends le passé avec impatience. Refoulée, la misère explose au moment le plus festif. Ennivrement estival, sérénade de ma logique. L'éternité est à sens unique, les nuages assombrissent mon vertige. Il n'est rien, il est tout. Accent de la sirène hurlant mon tombeau. Croiser la réalité dans la rue, se cacher dans une ruelle, poursuivi. Enfin, y faire face.
***
Délabrée par les obstacles à reculons, j'observe avec rigueur la liste des choses en lesquelles il faut croire. Chaque inconvénient est imprimé recto-verso, et je nage dans une mer de soupçons. À la une de mon quotidien, mes manchettes ont fugué avec leurs boutons. Exécrabilité d'une lueur, un faux-jour qui éclaire mes mensonges. Donnant les doigts à la vie, les orteils au bonheur. Je m'étire sur des kilomètres cube, en regard des proportions cognitives. Jamais sans deux, deux existera-t-il toujours dans trois? Le un est seul, perdu dans ses pensées, rêvant à sa une. Une peur verte, vermicelle dévorant ma jambe à quatre pattes. Les nombres m'envahissent, c'est la révolution mathématique, 13 n'a pas eu de chance. Et je pleure, et je ris, et je crois, et je doute, et je suis, et je.
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Il ne faut pas nier le déni, le serpent avale sa queue. Il est dans les jambes de la foi, la fois, le foie, fois toi. Si censure s'en suit, satiété. Il est de ces jours où la prétention déborde, où la pluie érode ma conscience. Phénomène naturel, nature artificielle. Gens du pays, c'est votre tour de ramasser les éclats de ma rage. Hématomes translucides sur mon esprit lucide. Carambole démunie, munitions, ondine, dîner de cons, concentration, trois petits chats abattus. L'oubli m'inonde et éclabousse, son odeur tue les âmes sensibles. Je ne suis que ce que je souhaite, je souhaite un joyeux Noël, impasse facile. Solidifie mon système vital, bricole une extension, mets du ruban adhésif. L'effort que peut se permettre le néant n'existe pas, suivant l'éthique d'une génération. Gens du pays, ce ne sera jamais votre tour.
Clara, écriture automatique, 23 mai 09
Écritures automatiques en rafales, vers 6h du matin après un feu de joie. Quand tout le monde s'écroule et qu'on a pas sommeil...
dimanche 24 mai 2009
...
Il faut croire que ça ne m'a pas accroché, le principe du happy ending. Merde! TOUS MES TEXTES FINISSENT MAL!!! À quelques exceptions près, et encore. Hummm... il faudrait psychanalyser tout ça.
samedi 25 avril 2009
Je voudrais
Je voudrais que les souvenirs qui me volent un sourire ne se fanent jamais.
Je voudrais que chaque frisson garde son intensité jusqu'à la fin.
Je voudrais que son image soit toujours aussi nette.
Je voudrais que ce qui est important aujourd'hui ne soit jamais du passé.
Je voudrais que chaque empreinte qu'il laisse sur ma peau reste intacte.
Je voudrais que mes joues rougissent toujours autant.
Je voudrais que le temps n'efface rien de ce qu'il y a en moi.
Clara, 25 avril 09
Bon, j'imagine qu'il fallait bien que j'écrive un petit texte quétaine et prévisible un jour.
mardi 14 avril 2009
Ma maison de riches
FLASH.
Je hais cet instant après un choc où l'on ne comprend rien de ce qui se produit. Mes yeux se ferment, éblouis, et je m'écroule malgré moi. L'homme et son air rigide entrent d'un pas rapide sans même m'accorder un regard. L'impuissance m'enrage encore plus que le feu qui brûle mes yeux. Mes paupières sont fermées mais voudraient l'être encore plus. J'entends l'homme marcher dans ma maison de riches. Il marche trop fort et partout, se promène de pièce en pièce, traîne son arme avec lui. Chaque flash de son appareil photo me donne un coup dans le ventre. Encore éblouis, mes yeux s'ouvrent et suivent l'homme. Je suis toujours un débris dans l'entrée de ma maison de riches, on me croirait sans vie. Je veux hurler. FLASH. L'homme pointe son appareil photo sur chaque objet. FLASH. Il profane tout ce qu'il trouve. FLASH. Chaque parcelle de ma maison de riches est prise en photo. FLASH. Il ne reste plus rien, plus rien que l'image sur la pellicule. L'homme prend une ultime photo. FLASH. Et sort en m'accrochant au passage, du même pas rapide, du même air rigide, toujours sans regard pour moi.
Étendue sur le plancher froid d'une maison vide et en ruines, je pleure tout ce que j'ai à pleurer.
Clara, 13 avril 09
Bon. Probablement. Probablement que ce n'est pas mon meilleur pour vous. Tant pis. Inspiration involontaire de môsieur Buteau, et d'un autre quelqu'un que je ne nommerai pas parce qu'il n'a pas le beau rôle dans l'histoire. Point.
L'autobus 34 vers la liberté
De la fenêtre du terminus, Étienne regarda la femme de 18h30 partir, son mystérieux sac de sport sous le bras. Il se dit que cette fois, elle avait bien failli arriver à temps.
Clara, 13 avril 09
L'innocence
Clara, 13 avril 09
lundi 13 avril 2009
Éternité
Elle avait été tant de femmes à tant d'époques. Elle avait tant souffert. Toujours à la fin. Toujours lorsqu'elle était sur le point de s'en sortir, sur le point de vivre jusqu'au bout. Une épreuve de trop, et elle se plantait un couteau dans le coeur, elle se jetait à la mer avec un rocher aux pieds, elle avalait le poison que l'apothicaire s'était résigné à lui vendre, elle pointait le revolver de son mari sur sa tempe, ou elle se pendait. Pourtant, il y avait toujours eu quelqu'un pour l'avertir.
-Je me suis tuée tant de fois, mon Père, que c'est la seule solution que je connaisse. J'ai tant envie de vous croire, seulement je ne comprends pas.
-C'est pourtant fort simple, mon enfant. Vous savez bien ce qui arrive à ceux qui mettent fin à leurs jours.
-Tout cela est faux, mon Père, et je suis en mesure de le savoir. Pas de diable cornu, pas de flammes, pas de corps qui se consument pour l'éternité.
-C'est vrai, vous êtes là, devant moi. Pourtant, l'enfer existe et c'est directement là que vous irez. Parce que vous n'avez rien compris.
Une fois, elle avait trouvé l'amour. Il embrassait sa nuque et lui donnait des frissons, il lui disait ''Tu crois?'' avec des yeux rieurs, il faisait semblant de croire à ses histoires de vies antérieures, il lui faisait l'amour au ralenti. Un jour, elle le vit faire l'amour au ralenti à Baie, puis elle partit en courant jusque chez elle, verrouilla la porte et sortit le couteau de cuisine. Elle laissa sonner le téléphone et découpa tranquillement chaque veine de son poignet susceptible d'être la bonne.
La voix de Baie retentit à travers son répondeur. ''C'est Baie. Je sais que tu m'en veux.'' Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas entendu. Son sang qui se vidait était la sensation la plus horrible au monde. Celle de n'avoir plus de circulation dans les jambes, mais au centuple. Et partout. À côté de ce qu'elle ressentait, même se faire trahir par l'amour ne lui semblait plus si douloureux.
-... Ne fais pas ça, Lucie. Je t'en supplie, quoi qu'il arrive, ne fais pas ça. Tu ne t'aides en rien. Tout va recommencer, tout va être à refaire. Tu dois briser le cercle maintenant. J'ai si souvent cru que tu avais compris. Tu te souviens? Une fois, tu avais parlé avec le curé et tu semblais si sereine. Cette fois-là, il m'a fallu du temps pour me tuer à mon tour. Je n'arrivais pas à croire que tu n'aies pas compris. Puis une fois, tu l'as dit toi-même. Tu m'as regardée de tes yeux polaires et tu m'as dit : ''Tu sais quoi, Baie? Je vis un enfer.'' C'est là que je t'ai dit que je t'aimais pour l'éternité, et que je t'ai promis que je te suivrais en enfer, s'il le fallait. Je tiens toujours mes promesses, Lucie. Mais j'en ai assez. Alors ne fais pas ça.
On trouva son corps le lendemain matin, alors que naissait dans le pays voisin une petite fille aux yeux polaires. Elle avait une si longue vie à souffrir. Et si peu de temps pour comprendre.
Clara, 13 avril 09
Tes yeux
Clara, inspiré par les yeux de Marc-Olivier Beausoleil, 08
Regarde-moi
Elle est belle à mourir et je ne peux pas m'empêcher de la regarder en me disant que je suis le plus chanceux des hommes. Chaque seconde de sa présence, chaque seconde où elle est près de moi, rien ne me rend plus heureux que la regarder. Bientôt, elle aura un nouveau bureau au rez-de-chaussée et je pourrai la regarder par la fenêtre au travail. Il y a bientôt 10 ans qu'elle reste avec moi pour que je puisse la regarder. Jamais je ne remercierai assez Dieu de me permettre de la regarder. Jamais je ne remercierai assez Dieu de m'avoir donné des yeux noirs qui font peur. Jamais je ne remercierai assez Dieu que personne n'ait trouvé le cadavre de son mari au fond de la rivière noire qui fait peur.
Clara, 13 avril 09
Boussole
Clara, écriture automatique, Joliette-Montréal, 28 mars 09
dimanche 25 janvier 2009
Foutue mort
Et cette connasse rousse qui pense m'amadouer avec sa boîte de conserve dégoûtante qui sent le poisson pourri. Ce que je me taperais un steak et une bière. Rousse, tiens.
Bon. J'avais commencé ça. Jamais été capable de le finir. Libre à tous d'inventer une fin.
Clara, 18 novembre 2008
Avance
Clara, L'Aube des Saisons, 22 janvier 2009
samedi 24 janvier 2009
Pas non
Clara, écriture automatique, décembre 08
jeudi 22 janvier 2009
BONNE FÊTE BOB!
Ce n'est pas une belle histoire. C'est une histoire laide. C'est l'histoire des hommes écrasés par les maux, des hommes écrasés par les mots. L'histoire des hommes sans pouvoir, des hommes cent paroles. Des hommes au destin tragique, au destin sans logique. C'est l'histoire d'un, mais c'est l'histoire de tous. Il n'était pas une fois.
Édouard n'existait pas. Il habitait une ville qu'il ne comprenait pas pour fuir sa ville natale qui le rendait fou. Salvie n'était qu'une hallucination. Elle était sa fiancée par simple révolution contre ses parents qui la voulaient libre comme le crystal. Édouard et Salvie ne se connaissaient pas. Mais quand un événement tragique se produisit dans la famille du jeune homme, il décida qu'ils iraient tous les deux réconforter sa mère dans sa ville natale, quitte à devenir fous ensemble.
Le père d'Édouard, Édouard senior, avait accumulé les dettes envers la planète. Il avait dû rendre tout l'argent qui lui restait, rendre la villa, rendre la piscine, rendre la télévision, rendre une bonne partie des meubles, puis finalement, il avait dû rendre l'âme. Sa femme, madame Édouard, était bien heureuse d'avoir la visite de son fils et de sa fiancée en cette période de deuil. Elle les accueillit à bras ouverts, même si les recevoir pour la semaine lui coûtait la peau des fesses. Ces sacrifices furent l'objet d'une première dispute entre les promis.
-Qu'est-ce qu'on fait ici, Édouard? On n'aide pas ta mère, on lui ajoute encore plus de soucis. L'as-tu bien regardée? Elle s'est ouvert le bras jusqu'à l'os pour nous accueillir et elle a si mal, sans sa peau, qu'elle ne peut même pas s'asseoir. Elle dort debout, Édouard! Ta mère dort debout, rien que pour nous offrir l'hospitalité. Pourquoi la laisses-tu faire?
Édouard ne voulut rien savoir. Il était là par principe et il savait bien que sa mère refuserait toute aide financière. Il ne put qu'attendre que Salvie se calme avant d'aller la rejoindre dans la chambre où elle s'était enfermée. Quand il entra, elle broyait du noir. Elle en avait broyé tant que son petit bol de porcelaine en était plein. Elle continua à broyer rageusement avant de prendre du noir du bout des doigts. Elle l'étendit sur sa peau, en peignit son visage, laissa même des traces sur les mains d'Édouard et sur le pelage du chat. Du chat qu'on appelait Un chat. Ce soir-là, Édouard et Salvie ne firent pas l'amour. Mais ils jouirent ensemble plus fort que jamais et se réveillèrent noirs comme du charbon.
Lors de la cérémonie pour Édouard senior, où seules trois personnes étaient présentes, madame Édouard marcha jusqu'en avant afin de réciter un poème qu'elle avait choisi pour son mari. Elle en fut incapable. La veuve resta muette à l'avant, des mots à la gorge qui l'empêchaient de respirer. Elle se mit à trembler et arriva à hurler qu'elle le savait sur le bout des doigts le matin même et qu'elle n'aurait jamais dû laver ses mains. Elle fondit en larmes et continua à fondre jusqu'à n'être qu'une grande flaque qui inondait le sol. Édouard et Salvie, pendant deux jours, pendant deux nuits, sans arrêter et presque sans penser, la ramassèrent à la petite cuiller. Salvie mêla ses larmes à celles de sa belle-mère en ramassant. Quant à Édouard, il avait pleuré toutes les larmes de son corps étant petit. Il garda donc le silence, les yeux secs et le regard vide. Ils réussirent à refaire madame Édoaurd. Toutefois, elle était incomplète et le serait à jamais. Elle avait perdu la tête.
Édouard et Salvie s'enfuirent de cette ville qui les rendait fous. Ils voyagèrent sans savoir où ils étaient, sans savoir où ils allaient. Quoi qu'ils fassent, ils étaient dans une ville qu'ils ne comprenaient pas. Ils s'enfuirent si loin qu'ils firent le tour de la Terre et retournèrent à leur point de départ.
-Salvie, épouse-moi. Maintenant.
-Je ne t'aime pas, tu sais.
-Je sais.
-Alors je veux bien t'épouser. Maintenant.
Ils se mirent la corde au cou. Et sautèrent.
Clara, 21 janvier 2009.
Ah, et faites-moi plaisir. Ne me dites pas que j'ai fait une faute à crystal.
samedi 29 novembre 2008
Ses yeux qui me tuent
Ne s'immobilisant que couchée à ses pieds
Son corps nu et tremblant reprend vie accablée
Une fois le coeur sec, toute raison enfuie
De ses yeux qui me tuent, une haine jaillit
Grandissant peu à peu dans son éternité
La proie devient chasseur à l'instinct aiguisé
Ma conscience me traque et égorge l'oubli
De ses yeux qui me tuent, elle poursuit les miens
Qui fuient vers le salut, cherchent un lendemain
Sens calmés, repentis, savent leur triste sort
Elle arrive à ses fins de ses yeux qui me tuent
Je n'ai qu'un court instant pour attendre la mort
Mon corps est immobile et justice rendue
Clara, novembre 08
Mais ce que c'est compliqué, d'écrire un sonnet!!! Foutu piétage, foutue hémistiche, foutues rimes ABBA ABBA CCD EDE. Rhalala...
mercredi 26 novembre 2008
mardi 18 novembre 2008
Arlington
Clara, 18 novembre 08
dimanche 9 novembre 2008
Démasqués
Ah mais oui mais là c'est pas juste, là! On peut pas faire ça, commenter TOFU!!! sans mentionner clairement qui on est! Ah mais là, non là, mais ça marche pas là!
Paradis
Clara, show de Gatineau, 9 novembre 08
Carnage
Elle se prostituait depuis l'éternité, au point où elle faisait désormais partie du quotidien des marcheurs. Son métier ne l'empêchait pas de fréquenter des gens, mais seuls les hommes et même les femmes vraiment déterminés à gagner ses faveurs et son estime avaient ce privilège. La jeune femme ne se laissait pas facilement impressionner. Son regard inspirait la peur et rares étaient ceux qui la défiaient en toute connaissance de cause. Nul n'avait réussi à soutirer son nom véritable, mais on la connaissait sous le nom de Carnage. C'était le seul mot qui vous venait à l'esprit en pénétrant dans une pièce où elle venait de recevoir un très bon client.
Carnage était l'amie de la quasi-totalité des criminels de la ville, elle en avait même fait évader plusieurs de prison. Et malgré la panique qu'elle semait parmi les passants qui n'étaient pas encore accoutumés à sa présence dans la rue, la célèbre putain était de nature très sociable et savait se montrer douce, sans discrimination aucune, avec quiconque l'abordait gentiment. Elle était d'ailleurs fatiguée d'être la cible de tous les journalistes, qui ne mentionnaient habituellement que ses bêtises.
Carnage tombait parfois amoureuse. Souvent d'hommes à l'allure respectable et d'air tout à fait normal. C'était ces personnes discrètes qui fréquentaient le plus souvent les femmes comme elle. Le plan de séduction de la prostituée était alors très simple. Elle tentait de croiser l'être aimé le plus souvent qu'elle le pouvait, lui faisait des yeux doux, portait ses plus beaux atours, jouait la femme heureuse. Si l'homme n'était pas intéressé, il était souvent tenace et réussissait à s'échapper discrètement, sans même s'occuper d'elle. Pour arriver à ses fins, Carnage devait le piéger contre un mur ou l'attirer dans une ruelle. Elle réussissait toujours. Tôt ou tard.
Pourtant, un jour, ce fut un jeune homme qui tomba amoureux d'elle. François avait 22 ans et il était orphelin depuis ses 13 ans. La perte de ses parents avait été un énorme choc pour lui. Il avait voyagé d'une famille d'accueil à l'autre, jamais vraiment aimé parce qu'on ne le voyait que comme le délinquant qu'il était devenu. Une seule personne semblait avoir compris son chagrin. Comme tout le monde, François avait toujours su qui était Carnage. Mais à la mort de ses parents, alors que tout le monde lui tournait le dos, elle lui avait souri. Dès lors, l'adolescent avait été amoureux fou de la prostituée. Il la vénérait comme une déesse, passait des heures à la regarder et crevait de jalousie chaque fois qu'un homme l'accompagnait à sa chambre. À ses 15 ans, il avait même tenté d'être son client. Mais Carnage n'avait rien voulu savoir de lui et l'avait repoussé sans s'occuper de ses protestations. Malheureusement pour lui, un de ses rares amis, Tomas, l'avait vu faire ses avances et l'avait ramené de force à sa famille d'accueil à qui il avait tout raconté. C'était compréhensible. Quiconque voyait un proche monter l'escalier de l'hôtel de Carnage ne s'en remettait jamais tout à fait. François s'était fait sermonner. Dans le voisinage, on avait fait grand cas de cette histoire. L'adolescent n'avait eu d'autre choix que de jouer celui qui comprenait son erreur et qui ne recommencerait pas. Mais François passait son temps à essayer de comprendre pourquoi la femme de ses rêves l'avait rejeté et il ne pensait qu'à elle.
Sept années s'étaient écoulées lorsqu'il décida d'essayer à nouveau. Il se prépara pendant des heures, jusqu'à ce qu'il n'ait plus aucun reproche à faire à l'homme qui le saluait dans le miroir. Il ne pouvait s'empêcher de sourire, tout heureux à l'idée de ce qu'il s'apprêtait à faire. Toutefois, il devait en parler à quelqu'un, il fallait que Tomas le sache. Son vieil ami reçut donc un appel en début de soirée.
-Je retourne voir Carnage ce soir.
Tomas eut beau lui crier après, le traiter de tous les noms, tenter de l'en dissuader comme il pouvait, rien n'y fit. François lui raccrocha au nez, plus certain que jamais de sa décision. Lorsqu'il arriva au coin de Carnage, celle-ci l'observa de la tête aux pieds. Il était prêt, cette fois. Elle lui fit signe de la suivre. François monta les marches de l'escalier et regarda avec plaisir la porte se fermer derrière lui. Quelques minutes plus tard, Carnage et lui se faisaient face dans la chambre. Il la regardait plus tendrement que jamais. Il lui parla de toutes sortes de choses. Surtout de ses parents. Il lui demanda pourquoi ils étaient morts. La prostituée ne dit rien, mais se déshabilla, les yeux au sol. François l'imita. Ils firent l'amour toute la nuit.
Deux jours plus tard, on annonça son suicide. Sur son coin de trottoir, la mort pleurait.
Clara, réécriture, 9 novembre 08
Catherine M.
Lui et Il
Clara, 9 novembre 08